Il y a deux semaines le quotidien La Croix consacrait un dossier aux « petits candidats », ceux qui ne disposent pas du soutien d’un parti de gouvernement ni de celui de puissances financières, et évoquait leurs difficultés à récolter les fameux parrainages qui doivent leur ouvrir le champ de l’élection elle-même. L’occasion pour mon compte de réfléchir quelque peu à l’histoire des candidatures royalistes à l’élection présidentielle sous la Cinquième République, et d’en tirer quelques leçons pour demain plus encore qu’aujourd’hui.
En plus d’un demi-siècle de la République fondée par de Gaulle, il n’y a eu, à ce jour et sans préjuger des prochaines échéances d’après 2017, qu’un seul candidat effectif qui appartenait au mouvement (au sens large du terme) royaliste : Bertrand Renouvin, en 1974, soutenu par la Nouvelle Action Française (NAF) qui, sans faire un score mirobolant (environ 42.000 voix, soit 0,17 % des suffrages exprimés), permit de faire entendre une réflexion monarchiste sur la question et la crise de l’État sous la Cinquième devenue celle des partis, et de prendre place dans le paysage politique français pour quelques décennies. Encore aujourd’hui, c’est vers lui, le plus souvent, que l’on se tourne quand on veut connaître le point de vue des royalistes politiques, y compris dans un récent documentaire télévisé sur Emmanuel Macron.
Bien sûr, M. Renouvin n’a pas l’ambition de représenter tous les royalistes, et cela serait, au regard de la dispersion de ceux-ci, une gageure bien impossible (et sans doute peu souhaitable pour lui et peu souhaitée par les autres) à relever : il y a, entre l’actuelle Nouvelle Action Royaliste (issue de l’ancienne « NAF » de 1974) et l’Action Française ou l’Alliance Royale, peu de choses en commun si ce n’est l’étiquette de « royaliste » revendiquée par les uns et les autres groupes ou mouvements. Les royalistes sont aussi divers (version optimiste) ou divisés (version pessimiste) que peuvent l’être les partisans de la République ! Si tous vantent l’unité que peut procurer la Monarchie, ils n’en sont pas eux-mêmes adeptes pour leurs formations militantes et, d’ailleurs, rien d’illogique à cela. Dans un sens, c’est même plutôt une bonne chose et cela permet d’atteindre des publics variés, parfois très éloignés les uns des autres. Après tout, le royalisme vise à l’unité par la Monarchie, mais pas à la confusion des différences et des idées…
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