Côté Libération , elle est la revue de la jeune garde ultraconservatrice catholique, le fascicule des réacs « en vert et contre tous ». Côté Le Figaro, elle est le titre qui « vit et pense contre son temps ». À première vue, la messe est dite : Limite ne serait qu’une énième excroissance de la droite conservatrice, mâtinée d’un glacis écologique qui lui offrirait toute sa singularité. Sauf que la « revue d’écologie intégrale » – un terme qui cherche à mettre l’accent sur l’importance du respect du vivant sous toutes ses formes, et notamment humaine – ne se satisfait pas d’une position qui l’inscrirait dans les pas des droitiers les plus dévots, notamment ceux de Sens Commun . Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver dans les colonnes de ce trimestriel des éléments de langage de l’encyclique Laudato Si du Pape François accolés aux écrits des plus grands penseurs de la décroissance : Jacques Ellul, André Gorz, et Günther Anders, entre autres.
Certains y verront une énième preuve du confusionnisme qui « ravage » les cercles intellectuels hexagonaux naissants, de ceux qui citent Orwell et Pasolini tout en critiquant l’internationalisme. D’autres, comme moi, y trouveront la preuve que nul n’est tenu de se conformer à ce que les pages culture et idées de Libération, du Monde et des Inrockuptibles décrètent à grands coups d’anathèmes , de pétitions et de tribunes – dont les plus brillantes vont jusqu’à affirmer qu’en France, « intellectuel de droite reste un oxymore, mieux : une impossibilité ». Dont acte, donc, quant au regard que pourrait porter Édouard Louis sur une rédaction composée notamment de Gaultier Bès et Marianne Durano – deux membres du mouvement des Veilleurs, né dans le sillage de la Manif pour tous –, d’Eugénie Bastié ou encore de Paul Piccarreta.
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