La détestation que suscite Emmanuel Macron ne peut qu’être suspecte. Parmi ceux qui lui vouent la haine la plus déterminée, combien de jeunes gens affichant le même sourire, employant le même langage et cultivant les mêmes ambitions ? Pourquoi les enfants de la communication refusent-ils de voir domptée par l’un des leurs la bête qui les a si généreusement nourris de son sein ? Étrange spectacle que celui de ces visages grimaçant à la vue de leur reflet dans le miroir qui leur est tendu. Pourtant, contrairement à ses adversaires, Emmanuel Macron ne fait pas semblant d’être proche de ce peuple du nouveau millénaire : il en est issu. Il ne fait pas de communication – il est la communication.
Synthèse absolue de cette France qui fait sens vers n’importe quoi et participe de tout, peuplée d’acteurs décidés à réinventer le monde, Emmanuel Macron parle la langue dans laquelle s’écrit la mythologie de notre temps. Jargon technique façonné dans les open-spaces des start-ups et les couloirs de la Mairie de Paris, il est parvenu à infiltrer le langage courant, y disséminant ses tournures artificielles, ses anglicismes dissonants et son vocabulaire indigent. Dans les rues, il n’est plus rare d’entendre deux individus échanger des propos saturés de cette terminologie d’entreprise, si laide et si creuse, et dont l’usage semble leur être devenu instinctif, même pour exprimer des réflexions ou des sentiments pourtant éminemment personnels.
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