L’élection présidentielle de 2017 cumule les « premières » historiques de la Ve République. À grands coups d’approximations rigoureuses, les instituts de sondage serraient frileusement les quatre grands prétendants à la fonction présidentielle et l’on s’attendait à ce que, pris en défaut par deux fois au référendum britannique et à l’élection américaine, ils soient encore contredits par le choix réel des électeurs. Retour sur un premier tour révélateur d’une nouvelle ère politique.
Les grandes leçons du premier tour
La défaite des partis traditionnels
Les socialistes subissent une véritable débâcle en rase campagne. Benoît Hamon a assumé bravement la déroute de son parti devant ses militants découragés bien avant l’annonce des résultats. François Fillon de même a pris sur lui la responsabilité de son échec.
On s’en doutait déjà, mais les primaires des Républicains et du PS seront certainement les premières et les dernières de l’histoire de la Ve République. Faisant sanctionner le choix du candidat par le vote de toute une famille politique, la primaire le rend paradoxalement beaucoup plus vulnérable à toutes les attaques car, auréolé de la sacralité du vote démocratique, il n’est plus remplaçable en cas de crise politique. Les concurrents frustrés, ne pouvant pas le destituer et ne souhaitant pas le défendre par dépit, offrent alors le spectacle lamentable d’un front désuni. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la cabale médiatique très probablement orchestrée par François Hollande et ses proches contre François Fillon aura fait mouche, avec un effet amplifié par le choix républicain d’une primaire et l’attitude consécutive des éléphants du parti. Quant à Benoît Hamon, sa position de vainqueur de la primaire d’une gauche molle aura été fragilisée dès le début par la sécession d’un Jean-Luc Mélenchon « tribun du peuple » quoique millionnaire qui l’a complètement effacé par son charisme et par sa surenchère à la gauche de la gauche. Manuel Valls pouvait bien enrager dans son coin, les dés étaient jetés.
Finalement, les deux vainqueurs du premier tour ont un slogan en commun : « Ni droite ni gauche ! » De fait, les votes cumulés pour les candidats officiels des Républicains et du PS atteignent péniblement 26,37 %. On assiste donc sans grande surprise au rejet clair et net de « la classe politique » dénoncée de tous les côtés depuis des mois. Macron est certes un membre à part entière de cette élite, mais il a su le faire oublier pour se présenter comme l’homme nouveau, jamais élu, par qui tout est possible.
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