Le drame de Manchester, qui s’est produit lundi soir, a eu, évidemment, un effet massif sur l’opinion occidentale. En France, nos souvenirs du Bataclan ont rejailli illico, avec cette circonstance aggravante que dans l’immense salle de concert, il y avait des enfants ! Cependant, si l’on se permet de prendre quelques distances avec la douleur des familles et des proches, on s’interroge sur le projet terroriste qui, forcément, prend en compte, ou plutôt en otage, l’opinion tétanisée. Régis Debray dans son dernier essai (Civilisation chez Gallimard), rend compte avec précision du phénomène : « En tant que machine à produire de l’événement, aux productions conçues pour carillonner, éblouir et sidérer, l’action terroriste à l’âge de la reproductivité technique est dotée d’une capacité virale, sans concurrence, puisqu’elle se duplique aussitôt en millions de flashs, acheminées instantanément à domicile ou dans notre poche. Avec un camion, une bonbonne de gaz et une Kalachnikov, un désaxé, télécommandé ou non, mais anxieux de monter au paradis, peut, en quelques secondes, plonger dans l’angoisse des dizaines ou des centaines de millions de personnes. »
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