La loi Le Chapelier de 1791, par laquelle les révolutionnaires abolissent les corporations, prétend libérer l’économie pour moderniser une France en crise. Elle se révèle bientôt être une restriction considérable du droit des travailleurs.
Constituées depuis le Moyen Âge sur des modèles très divers, les corporations de métier sont devenues, au milieu du XVIIe siècle, l’archétype de la rigidité de l’Ancien Régime aux yeux des libéraux. Réglementation des prix et des salaires, stricte limitation de la concurrence et du nombre d’ateliers, nombre maximum d’employés… Les multiples contraintes imposées par ces structures fortement codifiées et hiérarchisées ont en effet de quoi susciter la colère des défenseurs de la liberté économique.
Parmi ceux-ci, le riche négociant Vincent de Gournay incarne le mieux la continuité théorique qui unit libéralisme politique et économique. Cet économiste très proche des encyclopédistes dénonce l’« archaïsme destructeur » des corporations qui empêche le développement économique d’une France à l’aube de son industrialisation. L’un des disciples les plus fidèles de Vincent de Gournay, l’ambitieux Turgot, finit par accéder au sommet de l’État en 1774, lorsqu’il est nommé contrôleur général des finances par Louis XVI.
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