Pourquoi le gouvernement, en l’espèce le Premier ministre, a-t-il laissé les médias s’emparer d’un désaccord ouvert entre deux ministres, celui de l’Agriculture et celui de la Transition écologique ? C’est pour le moins fâcheux de la part d’un pouvoir si soucieux de contrôler soigneusement sa communication. Il est vrai que la question débattue est de nature très technique et qu’elle nécessite un arbitrage qui ne peut que faire des mécontents. Stéphane Travers qui défend, par sa position, les intérêts des agriculteurs n’était forcément pas sur la longueur d’onde de Nicolas Hulot. Permettre, même dans certaines conditions, l’utilisation de certains pesticides, c’est aller à l’encontre d’un interdit écologique sur lequel le second ne pouvait pas transiger.
La polémique a rapidement enflé, avec la désignation des lobbys industriels qui fabriquent ces poisons. « Dès lors que la santé est mise en cause, affirmait Nicolas Hulot, je ne peux faire aucune concession. » Et rapidement, on sut que le Premier ministre tranchait en faveur du ministre d’État, qui est une vedette du gouvernement, une véritable prise de guerre d’Emmanuel Macron. Les paris ne sont-ils pas ouverts ? Jean-Luc Mélenchon a prétendu qu’Hulot ne resterait pas plus de six mois au gouvernement, tant il s’avèrerait rapidement qu’il y avait incompatibilité entre une gestion libérale de l’économie et les principes d’une révolution écologique. Cette première alerte est un avertissement à prendre au sérieux. Nicolas Hulot ne bougera pas sur son terrain, et il est vraisemblable que plus il y aura à prendre de décisions, plus la protection de l’environnement et la perspective d’un changement de paradigme économique deviendront contraignantes.
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