Rentrée dans un collège parisien, en 2011. Photo AFP
Les principes et convictions de gauche explosent quand l’enfant entre en sixième. Contourner la carte scolaire devient la préoccupation de la rentrée.
Non, pas lui. Pas après l’adolescence que nous avons eue ensemble, nos défilés contre le smic jeunes ou la réforme de la loi Falloux (tu te rappelles, quand Bayrou, ministre de l’Education – oui, c’était une autre vie – voulait faciliter le financement des écoles privées ?). Et pourtant si. Il l’a lâché comme ça, au détour d’un coup de fil : Juniorette allait entrer en sixième dans une classe musique (on lui a trouvé un fulgurant intérêt pour la clarinette), histoire de «sortir du ghetto parce que le collège de secteur, ça allait pas être possible».
L’histoire serait tristement banale si elle ne venait à la fin d’un été où tous mes amis ont rivalisé d’ingéniosité pour faire de l’évitement scolaire. Le panel est personnel et aléatoire. Il ne vaut pas étude scientifique. Mais il est symptomatique d’un comportement aujourd’hui décomplexé dans des milieux qui devraient le combattre.
Car, quand même, parlons de vous, les amis, de nous. Nous sommes globalement blancs, favorisés, progressistes, tolérants, votons à gauche malgré nos déceptions. Nous avons 40 ans maintenant, et nos enfants entrent en sixième. Vous représentez toutes les strates de ma vie : amitiés lycéennes, étudiantes, professionnelles, parents d’élèves devenus proches… Et vous avez craqué. Presque tous. Les uns après les autres. Vous avez fait «un autre choix que le collège de secteur».
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