« Faisons donc un sort à cette farce queer avant l’heure, tellement énorme que les plus férus des tintinophiles, du philosophe Jean-Luc Marion au cinéaste Steven Spielberg, ne l’ont même pas décelée. » Dans une tribune publiée sur Facebook, l’écrivain et philosophe Vincent Cespedes en est sûr : Tintin est « une jeune fille ». « Une rouquine androgyne aux yeux bleus, et vraisemblablement asexuelle. » Et d’avancer plusieurs arguments. D’abord, Hergé parlait de Tintin comme de son « garçon manqué — comme il l’appelait devant ses rares amis au fait du canular ».
Vincent Cespedes rapporte aussi que Tintin a des « joues pimpantes (surtout dans les premiers albums) » et écrit la scène de sa rencontre avec le fameux capitaine Haddock : « Elle est en train de s’évader et lui tombe littéralement dessus ; il est en train de boire. (…) Voici ce que l’héroïne dit à l’ivrogne bourru : Il faut m’aider. Et d’abord, vous allez me promettre de ne plus boire. Songez à votre dignité, capitaine. Que dirait votre vieille mère si elle vous voyait dans cet état ? (…) De bonnes promesses, de la tendresse et des larmes : telle est la définition de la féminité par Hergé. » Autre « preuve » avancée : le goût de Tintin pour les jupes. Un kilt dans L’Île noire, la jupe et la robe qui « [culminent] dans Tintin et les Picaros (1955), où notre tête de mule (dixit le capitaine Haddock) enjupe un groupe de militaires dans un grand travestissement carnavalesque ».
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