On s’inquiétait de son silence. On s’apprêtait à le réprouver. On opposait déjà son attitude à celle de son père, dans la nuit du 23 février 1981. Que celui-ci ait obligé le jeune garçon de treize ans, qu’il était alors, à rester à ses côtés toute la nuit de la tentative de Golpe, pour lui apprendre son futur métier de roi, n’avait donc servi à rien ? Allait-il se montrer à la hauteur ? Les médisants et les soupçonneux en auront été pour leurs frais.
Philippe VI a parlé à son peuple, mardi 3 octobre 2017. Et non pas pour proférer des propos lénifiants mais, face à une « situation d’une extrême gravité » — la mascarade référendaire du dimanche précédent —, pour tenir un discours de vérité, accusant les dirigeants catalans de s’être placés « en marge du droit et de la démocratie ». Une vérité qu’il se devait de rappeler aux membres du gouvernement de la Generalitat ainsi qu’à leurs séides, non seulement en Catalogne et dans le reste de l’Espagne, mais aussi à l’étranger — singulièrement en France où les medias officiels se font les porte-voix de la minorité indépendantiste. En l’assimilant abusivement à tous les Catalans. Que Philippe VI n’ait pas parlé dès dimanche soir s’explique très bien. La parole royale avait eu pour objet dans la nuit du 23 février 1981 de faire échec à un putsch en cours de réalisation, visant à renverser l’ordre constitutionnel et à compromettre la couronne. En s’exprimant dès dimanche soir, le roi aurait au contraire donné l’impression de réduire sa parole à un commentaire « à chaud » des événements de la journée.
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