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Syrie : «Les négociations de Genève sont une comédie»

ABDALRHMAN ISMAIL/REUTERS

FIGARO/VOX.- Les pourparlers de Genève ont commencé. Quel est l’objectif de ces négociations? L’opposition syrienne a-t-elle encore du poids et de la crédibilité? Le départ d’Assad est-il encore une priorité?

Frédéric PICHON.- Les négociations de Genève sont une comédie et pas seulement depuis cette session. D’un côté, les émissaires de Damas font du «tourisme politique» car ils savent que l’opposition est fragmentée, impuissante et n’a pas d’articulation militaire décisive sur le terrain. D’autre part, l’opposition continue de réclamer comme préalable le départ d’Assad. En 2012, on pouvait à la rigueur le comprendre. Mais en 2017, c’est un manque de réalisme confondant. Comment voulez-vous que cela aboutisse à quelque chose? En réalité, tout cela s’est déjà joué en partie à Astana en décembre 2016 et à Sotchi en novembre 2017. Quand Poutine invite par surprise Assad à l’ouverture de sa rencontre avec les Présidents turcs et iraniens, le message est pourtant très clair: il fait partie de l’équation, qu’on le veuille ou non. Et tout le monde le sait, y compris en Arabie Saoudite et à Paris. C’est d’autant plus cruel et pathétique pour les opposants qui sont vraiment les acteurs d’une tragi-comédie.

C’est d’un accord entre la Turquie, la Russie, l’Iran et la Syrie que sortira un cadre que l’on peut deviner à peu près: pas de départ d’Assad avant au moins 2021, date de la fin de son mandat (qu’il pourra renouveler théoriquement jusqu’en 2028) ; organisation d’élections incluant des listes d’ «opposants» (plus ou moins proches de Moscou) et promulgation d’une nouvelle constitution faisant davantage de place à une forme de décentralisation. Tout le reste n’est que spéculations destinées à combler par de l’activisme diplomatique l’impuissance totale des chancelleries occidentales. Nous voilà réduits à actionner les leviers émotionnels de la diabolisation de Bachar el Assad via Arte et Le Monde, tandis qu’il se promène tranquillement entre Damas et Sotchi et que Poutine réunit Rohani et Erdogan et parle à Netanyahu.

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