Je n’ai jamais beaucoup aimé les grèves, je l’avoue, même s’il m’est arrivé, à deux reprises dans ma carrière de professeur (carrière débutée en 1991), de la pratiquer, la première fois pour protester contre l’agression d’une collègue au collège Jean-Vilar des Mureaux, en juin 1996, et la deuxième fois pour manifester contre le ministre socialiste Claude Allègre, sous le gouvernement Jospin. A chaque fois, la grève me semblait justifiée et, au-delà de sa légitimité, utile. Mais, depuis une quinzaine d’années, je n’ai plus jamais réutilisé ce moyen d’action, même si les raisons de mécontentement n’ont pas manqué depuis le début des années 2000. En fait, l’attitude trop souvent hypocrite des syndicats et la très nette et forte impression que la grève était devenue pour eux une facilité plutôt qu’une stratégie mûrement réfléchie m’ont préservé de cette tentation.
Pour autant, je suis attaché à l’existence et à la possibilité d’exercer ce droit, restauré dans le Droit français sous Napoléon III, même s’il me semble qu’il devrait être un « dernier recours » après un temps de discussion et de négociation entre partenaires sociaux : le droit de grève serait d’autant plus légitime s’il s’accompagnait d’un devoir de responsabilité. J’ai d’ailleurs pu constater que c’est son usage mesuré et presque solennel quand elle est rare qui fait sa reconnaissance dans l’opinion publique et son efficacité face à l’adversité, qu’elle soit gouvernementale ou patronale. L’exemple qui me vient à l’esprit est celui des professeurs de classes préparatoires, généralement peu enclins à de telles « extrémités », qui, par le déclenchement d’un vaste mouvement de grève contre les projets néfastes de M. Peillon, en 2013, ont fait reculer le gouvernement Ayrault en quelques jours… Tandis, qu’à l’inverse, la répétition presque rituelle de grèves de fonctionnaires ces dernières années (voire décennies), n’ont abouti qu’à desservir la cause de ceux-ci et accroître leur impopularité parmi les contribuables-électeurs.
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