La proposition de loi anti-fake news est examinée à partir de jeudi à l’Assemblée nationale. GERARD JULIEN/AFP
Des Républicains au FN, en passant par Reporters sans frontières et les milieux intellectuels, de nombreuses voix s’élèvent contre ce texte présenté jeudi dans l’hémicycle, craignant l’ouverture d’un «délit d’opinion».
Faut-il une loi «anti-fake news»? Défendue jeudi dans l’hémicycle par la majorité LREM, la proposition de loi «relative à la lutte contre les fausses informations» en période électorale inquiète et interroge, tant dans les rangs de l’opposition que dans le milieu de la presse. «On est en train de mettre en place la police de la pensée, ce que monsieur Macron considère comme étant bien ou mal», a dénoncé mardi le président du groupe Les Républicains, Christian Jacob.
Un point de vue partagé par l’ensemble de l’opposition, vent debout contre le texte. Pour le chef de file des Insoumis, il s’agit d’une «grossière tentative de contrôle sur l’information». Dans une tribune publiée sur Causeur , Marine Le Pen dénonce un texte «liberticide». «L’intention du législateur n’est ici pas condamnable en soi ; calomnie, diffamation et mensonges devant être combattus. Mais l’arsenal législatif en vigueur était déjà largement suffisant», estime la présidente du Rassemblement national, nouveau nom du Front national. Dans les rangs communistes, la députée Elsa Faucillon évoque «un climat de suspicion vis-à-vis de l’information et donc vis-à-vis de la presse, qui touche fondamentalement à la liberté d’expression et vient instaurer l’idée d’une vérité officielle.» Beaucoup estiment que le cadre législatif de la loi de 1881 sur la liberté de la presse est largement suffisant ; à l’image de Boris Vallaud, porte-parole du groupe Nouvelle gauche, qui rappelle que ce texte condamne déjà «les propos sciemment erronés».
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