Administrateur de l’Inter-LGBT (une de ces associations dont le caractère salutaire n’est plus, Dieu merci, à démontrer depuis longtemps), Arnaud Gauthier-Fawas a récemment été la cible d’une série de moqueries sur la toile pour avoir posément répondu à Daniel Schneidermann qu’il n’était ni un homme, ni blanc. Ce lointain héritier de Descartes mérite pourtant tout notre soutien.
Le plateau de l’émission en ligne @rrêt sur images a récemment été le théâtre d’une scène prodigieusement instructive. Alors que son présentateur vedette s’étonnait de l’absence d’invitées féminines pour parler de la Marche des Fiertés (regrettant donc, selon un raisonnement pour le moins archaïque, de se trouver en présence de « quatre hommes »), l’un de ses invités ne s’est pas laissé faire : « Je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme », lança Arnaud Gauthier-Fawas avec ce petit ton aigre qui signe toujours, à notre époque, l’appartenance au camp de la morale, du progrès et du bien sans limite. Et Schneidermann de répondre par une sottise qui ne manqua pas de surprendre, même venant de sa part : « L’apparence. »
L’apparence ! En 2018 ! Mais oui. On en est encore là. Sous prétexte qu’Arnaud Gauthier-Fawas serait un individu barbu, avec une voix grave, vraisemblablement pourvu d’un pénis et de testicules, on pourrait donc en déduire qu’il s’agit d’un homme ? C’est à se taper la tête contre les murs, en psalmodiant les œuvres complètes de Judith Butler. Après cette première agression cisgenrée, le débat put cependant reprendre, Arnaud Gauthier-Fawas ayant exprimé sa souffrance (« c’est pas très agréable »), et précisé qu’il se définissait comme « non binaire, donc ni masculin, ni féminin ».
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