Cette année le camp a fait le plein, avec près de 250 participants présents entre le 19 et le 26 août, dans le cadre magnifique du Château d’Ailly. Ce nombre de campeurs ne fait que confirmer le retour de l’Action Française en tant qu’école de pensée, force militante et bien entendu force politique. Ce retour de l’AF dans le débat public s’est aussi traduit par l’ouverture de nouvelles sections en province mais aussi par l’augmentation du nombre d’adhérents et de militants.
Action et raison restent les bases de notre mouvement plus que centenaire, et furent les maîtres mots de cette semaine de formation et de camaraderie. Une formation qui est indispensable pour faire un bon militant, car pour marcher droit, il faut tout d’abord penser clair comme le disent les paroles de la Royale…
Cette formation passait par deux conférences le matin, des cercles de niveau, ainsi que des ateliers permettant de mettre ses talents au service du mouvement. Bien entendu le physique ne fut pas mis de côté avec deux heures de sport quotidiennes.
Les conférenciers et leurs interventions
Lundi matin, les campeurs ont été soumis à un questionnaire sur l’histoire du mouvement, ses fondateurs, sa doctrine… Puis le cycle de conférences se met en branle ; Charles Saint-Prot (directeur de l’Observatoire d’Études Géopolitiques) nous explique quelle est « la raison des nations » dans l’Union Européenne, ainsi que dans notre monde globalisé, mais aussi comment retrouver notre liberté et comment ne pas tomber dans le piège des différents partis de l’étranger… Lui succède Stéphane Blanchonnet (président du Comité directeur de l’AF) sur le thème « Maurras : polémiques et actualités », sujet de circonstance au vu du cent-cinquantième anniversaire de la naissance du martégal, mais aussi de la polémique autour du retrait de son nom du livre des commémorations nationales. Son propos s’est articulé autour de trois points : la défense raisonnée de Maurras, le fait qu’il soit une figure centrale du royalisme, ainsi que l’exigence d’éviter la muséographie.
Le lendemain, François Bel-Ker, le secrétaire général, nous a parlé de la stratégie de l’Action Française ainsi que des efforts à fournir afin de placer le système monarchique comme une alternative crédible au système politique actuel. Il a laissé la place à Pascal Cauchy qui nous a présenté l’enjeu politique représenté par l’Histoire et son enseignement, ainsi que la révolution souterraine engagée par certain pédagogues, mais surtout idéologues, sur la façon dont les élèves doivent – ou non – s’approprier l’histoire de France.
Mercredi, Paul-François Paoli (chroniqueur au Figaro littéraire et essayiste) est intervenu sur les cinquante dernières années de vie intellectuelle en France, sur la fécondité apportée par cette période, mais aussi sur son chemin intellectuel, partant du marxisme pour arriver aux milieux conservateurs par la lecture d’Alain de Benoist. Il a insisté sur le fait que la grande confrontation intellectuelle serait le transhumanisme. Puis Pierre de Meuse s’est exprimé sur les droits de l’homme, la mythologie de leur naissance, leur place dans l’arsenal juridique et la critique que l’on peut en effectuer, critique qui n’est pas seulement européenne, mais belle et bien mondiale.
Jeudi, Pierre-Yves Rougeyron (assistant parlementaire et fondateur du cercle Aristote) nous a énoncé, dans une conférence qui répondait à celle de Charles Saint-Prot, les raisons pour lesquelles il faut être souverainiste en France, face à l’Union Européenne et ses mythes fondateurs (représentativité, droit-de-l’hommisme à tous les étages…), mais aussi les grands enjeux pour l’Europe et la France, l’avenir de la parole occidentale envers les pays asiatiques, africains et américains. Bernard Lugan nous a ensuite raconté son expérience de Mai 68 et la façon dont l’Action française avait vécu ces jours, et aussi l’influence qu’ils ont pu avoir sur les équipes militantes.
Vendredi matin ce fut au tour d’Antoine de Crémiers de prendre la parole sur un sujet dont on ne soupçonne pas toujours les contours et la finalité : le transhumanisme. Le transhumanisme est la transition de l’humanité vers quelque chose d’autre qui, on peut en être certain, n’est pas l’humanité. Sylvain Roussillon, ancien responsable du mouvement dans les années 1980-1990, intervint lui sur la notion de “bolchevisation” d’un appareil politique, c’est à dire sa professionnalisation qui passe nécessairement par la sauvegarde de l’unité du groupe militant (il faut marcher sur deux jambes : action et réflexion).
Les cercles et les ateliers
L’après-midi les cercles de niveau étaient animés par des cadres, des militants confirmés ou par certains des conférenciers que nous avions entendu le matin. Ils portaient sur des sujets divers comme la doctrine du mouvement et son histoire, ou sur des sujets très actuels comme l’antispécisme (par Benjamin Demeslay), l’utilité des grandes écoles (par Pascal Cauchy), ou alors des réflexions sur des auteurs et sujets philosophiques : Pierre Debray (par Gérard Leclerc), la notion d’Utopie (par Luc Compain).
Pour que notre combat ne soit pas vain, il doit être vu, entendu, connu, intelligible… C’est la raison d’être des ateliers qui étaient également proposés aux participants pour aider le mouvement : journalisme, prise de parole en public, graphisme permettaient aux militants de se former.
Bien entendu, parce qu’il manquerait quelque chose s’il n’y en avait pas, avaient lieu les repas chantés qui permettent à la camaraderie de s’épanouir, aux liens de se faire, aux amitiés de se créer…
L’année militante fut complexe, mais, à n’en pas douter, celle qui vient sera grande ! Et si elle sera celle notre retour dans le débat national en tant que véritable force politique, elle marquera également par les élections européennes de mai 2019.
Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour l’an prochain !
Guillaume de Salvandy