Lors des commémorations du 11 novembre à Paris, le président serbe Alexandre Vucic a été placé à la tribune d’en face de celle des chefs d’État principaux, étant ainsi relégué hors du champ des caméras. FRANCOIS MORI/AFP
Les services de l’Élysée ont relégué le président serbe en dehors de la tribune officielle du 11 novembre, l’excluant donc du champ des caméras. Une bévue inadmissible selon Jean-Christophe Buisson, qui rappelle que la Serbie a perdu 1,2 million de ses enfants dans le conflit
On a merdé». La formule émane d’un membre haut placé du service du protocole de l’Élysée qui était chargé d’installer les chefs d’Etat et de gouvernement à la tribune d’honneur, sise sous l’Arc de Triomphe, dimanche 11 novembre, à l’occasion de la commémoration de l’Armistice. Alors qu’étaient assis autour de leur hôte, Emmanuel Macron, les présidents de la Russie, des États-Unis, de l’Italie et de la Roumanie, tous pays alliés de la France durant la Grande Guerre, mais aussi les présidents bulgare et turc et la chancelière allemande, à la tête de pays ennemis il y a un siècle, un homme, immense par la taille, avait été rabaissé plus bas que terre et prié de s’assoir à la tribune d’en face, hors caméras, parmi les ministres subalternes, diplomates et people divers et variés. Son nom? Alexandre Vucic. Le président de la Serbie.
La Serbie.
Le pays pour lequel la France est entrée en guerre en 1914 en vertu d’une alliance diplomatique et géopolitique, mais aussi d’une étroite relation historique (en 1389, les cloches de Notre-Dame-de-Paris saluèrent ce qu’on croyait être une victoire des Serbes chrétiens sur les Ottomans musulmans lors de la bataille de Kosovo), militaire (il y eut même au XIXe siècle un ministre de la Guerre serbe qui était français: Hippolyte Mondain) et économique (en 1914, les 4/5e de la dette serbe sont aux mains du capital français qui a par ailleurs considérablement investi dans les mines, les transports ferroviaires et les banques du pays).
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