N’ayant pas eu à commenter sur le champ la condamnation du cardinal Barbarin, j’ai pu mûrir, plusieurs jours durant, mes réflexions, sans être sûr qu’elles soient vraiment abouties, vu l’extrême difficulté du sujet. Au préalable, je dois à nos auditeurs l’aveu que Philippe Barbarin est pour moi un ami très cher que j’ai connu bien avant son épiscopat. Il a baptisé deux de mes enfants. Ce n’est pas une garantie de neutralité, j’en conviens. Du moins, on m’accordera de bien le connaître et d’avoir quelque idée de ses dispositions intérieures. C’est pourquoi je proteste, lorsque je le vois accusé d’avoir privilégié la défense de l’institution à l’encontre de la souffrance des victimes. C’est exactement le contraire de ses convictions qu’il communiquait un jour à une journaliste lyonnaise. Oui, il faut prévenir la police lorsqu’on a été agressé par un prêtre. « Tant pis si c’est une honte supplémentaire pour l’Église, car ça peut rendre service à tout le monde. »
Il est vrai que l’affaire pour laquelle la justice a été saisie par l’association La parole libérée est de nature très singulière, parce que les faits épouvantables qui sont à son origine remontent à une époque où Philippe Barbarin n’était même pas évêque, et qu’elle a été révélée au grand public un quart de siècle plus tard. Ce sont les victimes, qui, brusquement, ont ranimé ce passé infiniment douloureux et demandé des comptes à l’Église de ce qu’elles avaient subi. Du coup, c’était l’archevêque de Lyon du moment qui devenait la cible des accusations, parce qu’en sa personne c’était toute l’institution qui était mise en face de ses responsabilités.
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