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Un choix de société : Editorial du n° 22 de Conflits

L’histoire est ponctuée de lents mouvements de respiration puis d’expiration : des peuples se répandent dans les territoires occupés par d’autres, ils les abandonnent ensuite, avant que le mouvement reparte en sens inverse.

Du début de l’ère chrétienne jusque vers l’an 1000 des populations venues d’Asie, d’Europe orientale ou de la péninsule arabique ont chassé devant elles les peuples déjà installés. À partir de la Renaissance, le mouvement s’est inversé et des vagues d’aventuriers puis de colons sont partis d’Europe vers le reste de la planète, modifiant radicalement la population du continent américain et de l’Océanie en ce qu’il faut bien appeler un « grand remplacement ». Au XXe siècle, les flux s’inversent de nouveau et ce sont les populations des anciens territoires colonisés qui affluent vers les pays peuplés d’Européens : depuis les années 1930 la population de l’Europe progresse moins vite que celle des autres continents.

Ce serait pourtant une erreur d’expliquer l’ensemble des migrations par le seul différentiel de croissance démographique. Comme le souligne François Lenglet, la principale cause de la mondialisation est le degré d’acceptation de l’ouverture au reste du monde bien plus que l’amélioration des transports ou la baisse des contrôles aux frontières. L’ouverture aux migrants est un choix de société qui nous arrange… dans un premier temps.

L’immigration nous fournit d’abord des travailleurs doublement bon marché : nous ne les avons pas élevés et nous pouvons les payer moins que nous ne devrions le faire pour des nationaux. Ceux qui profitent de ce système sont les chefs d’entreprise et les actionnaires, mais aussi l’ensemble des consommateurs qui achètent moins cher les biens et services dont ils ont besoin. Le système peut être à deux vitesses : depuis la chute du communisme, quatre millions de Roumains auraient quitté le pays pour travailler en Europe occidentale, dès lors le pays s’efforce d’attirer un million d’Asiatiques qui seront peut-être remplacés là-bas par d’autres travailleurs encore moins exigeants. Une véritable course à l’échalote, ou à l’immigrant, se met en place.

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