par François Marcilhac
Macron a peur, peur de la rentrée, peur de l’effet sur les Français des prochaines réformes qu’il projette pour le pays dans ce qu’il présente comme l’acte II du quinquennat : la PMA légalisée et remboursée pour toutes, ce qui constitue un détournement des fonds de la sécurité sociale, normalement destinés à rembourser des soins, au moment où les urgences sont sacrifiées ; mais aussi la réforme de l’assurance-chômage ou celle des retraites avec la fin des régimes dits spéciaux (ou quand les ultralibéraux sont égalitaristes…) et le recul de facto de l’âge de la retraite avec un taux plein (64 au lieu de 62 ans) — d’où un repli stratégique de dernière minute. Oui, Macron a peur, non seulement d’une reprise du mouvement des Gilets jaunes, mais, plus encore, d’un embrasement général du pays contre sa politique provocatrice, contre ses réformes dévastatrices.
Macron est un pompier pyromane. Le 17 août dernier, pour le 75e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, il a appelé les Français à « se réconcilier », comme au lendemain de la Libération… Il est vrai que l’écoute, le dialogue et la proximité sont les derniers éléments de langage de l’exécutif. Macron ose tout : c’est à cela qu’on le reconnaît. Car qui est le plus grand diviseur commun des Français, sinon l’homme qui, depuis des mois, mène une politique qui oppose les Français entre eux, méprisant ostensiblement la plus grande partie d’entre eux ? Tout en poursuivant une politique de vente à la découpe de notre patrimoine économique et stratégique. Il a commencé, comme ministre, avec Alstom. Les signatures pour le référendum contre le bradage d’Aéroports de Paris se sont essoufflées cet été : elles pourraient reprendre à un rythme accéléré très bientôt.
Et ce n’est pas son esbroufe diplomatique au G7 ou son refus, tout temporaire, et sous un faux prétexte écologique, de valider le Mercosur, que de toute façon l’Europe imposera, qui y changera quelque chose. Macron n’est plus crédible. ll n’est pas certain que les Français soient dupes et que cette fanfaronnade leur fasse oublier la ratification, en juillet, du très protecteur et écologique CETA…
Oui, Macron a peur : c’est pourquoi il a appelé ses ministres à la « vigilance » lors du conseil de rentrée, le 21 août, car, « après le mouvement des Gilets jaunes évidemment tout est loin d’être résolu ». La vérité est que Macron, qui a peur, prépare les Français à une répression accrue de toute contestation en justifiant par des amalgames le tour de vis qu’il s’apprête à donner aux libertés publiques.
Siberth Ndiyae, son inénarrable porte-parole, a ainsi déclaré que les « dégradations » de permanences d’élus LREM de cet été, à la suite de la trahison du CETA, « illustrent […] le fait qu’un certain nombre de personnes considèrent que la violence politique pouvait être légitime ». Amalgamer une contestation bon enfant, dans la tradition paysanne, à la violence politique, n’est-ce pas préventivement justifier une répression arbitraire et aveugle ? « Nous avons une très grande préoccupation vis-à-vis de ces violences, de ce qu’elles témoignent de l’état du pays. En démocratie on se parle, on ne se menace pas, on ne se frappe pas ». Les Gilets jaunes éborgnés ou à la main arrachée n’ont manifestement pas compris le sens du dialogue de l’exécutif. Mais le ministre de l’intérieur, Castaner, n’avait-il pas déjà qualifié à la fin de juillet d’ « attentat » — un crime puni de trente ans de détention criminelle — une « dégradation » de permanence d’un élu de la République en marche ?
La rentrée sera tendue car l’élite dénationalisée est prête à tout pour imposer à notre pays l’intégration dans une mondialisation qui achèverait de nous faire perdre notre indépendance. Elle sait que le pays réel, avec lequel elle a fait sécession, descendra dans la rue pour s’ y opposer. Dans un esprit de compromis nationaliste, nous serons de tous les combats visant à défendre l’héritage dans l’attente de l’héritier.
Source : Le Bien Commun n° 10, septembre 2019.