En est-ce fini de la mondialisation ? On pourrait le croire en lisant le dernier entretien (1) de l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, grand promoteur du « Fabriqué en France », et en se rappelant du titre prophétique du livre de François Lenglet paru il y a déjà quelques années et qui annonçait cette fin de la mondialisation contemporaine. Dans le même moment, Georges-Henri Soutou publie lui aussi un article dans la revue royaliste Politique Magazine de septembre, sous le titre explicite « Le fiasco de la mondialisation ». Tout cela n’est-il qu’une mode éditoriale ou est-ce annonciateur d’un véritable mouvement, non plus de défiance, mais de constat et de distanciation, voire de séparation, à l’égard d’une mondialisation jadis vantée comme une véritable « fin de l’histoire » ?
Pendant longtemps, la mondialisation m’a semblé un fait mais non forcément un bienfait avant que je la considère définitivement comme un méfait, autant politique, social qu’environnemental, et cela malgré les discours altermondialistes qui laissaient croire en une possible « autre mondialisation » qui jamais n’advint, discours auxquels j’avoue avoir été en partie sensible, par illusion sans doute plus que par discernement : après tout, le monde n’était-il pas « un », puisque, désormais, la planète apparaissait « sous contrôle » de la Technique et de la Communication, sous cet œil gigantesque que l’on nomme « internet » et auquel rien ne semblait devoir échapper ni être impossible ? En fait, s’il y a une seule planète terrestre, il y a bien « plusieurs mondes » différents, ce que l’on nommait jadis « aires de civilisation » et de plus en plus d’obstacles à la fusion de ceux-ci dans un creuset commun : il est d’ailleurs aussi significatif, pour évoquer les plus extrêmes de ces obstacles, que nombre de pays jadis fort accueillants aux voyageurs soient devenus des « terres maudites », ce que tend à prouver la « délocalisation » du célèbre rallye Paris-Dakar en… Amérique du sud ! Sans oublier la fermeture de l’Afghanistan qui était, à la fin des années 1960 (2), une destination fort prisée de quelques hippies qui ne risquaient pas alors de finir otages de cette guerre commencée il y a quarante ans et qui semble ne jamais vouloir finir… En somme, la mondialisation n’a été qu’un « moment » de l’histoire du monde, un moment désormais en passe d’être dépassé.