Par Germain Philippe
Pour comprendre la stratégie d’A.F. il faut remonter à son origine, qui est aussi vieille que l’Action française. On en trouve le socle dans le premier texte doctrinal de Charles Maurras, de 1899. Suite à l’agitation nationaliste, la jeune IIIe République, vient alors de se lancer dans une furieuse répression contre les chefs du parti royaliste, obligés de s’enfuir en Belgique. C’est pourquoi Maurras riposte tactiquement en rédigeant une provocatrice Déclaration des écrivains royalistes.
C’est le célèbre texte de Dictateur et roi, dans lequel il explicite d’abord une idée force : pour que la monarchie légitime puisse libérer la société, il faut d’abord maîtriser l’ État. L’autorité en haut est la première dans le temps avant l’éclosion des libertés en bas. Ensuite Maurras présente la double fonction que le roi devra exercer une fois le pouvoir conquis. Dans une première phase transitoire le roi se devra d’être dictateur pour faire justice des criminels d’État. Dans un second temps il pourra enfin être le roi légitime pour procéder à la reconstitution du pays.
Ce faisant, Maurras fait de la stratégie politique comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Il vient de définir un processus stratégique en trois étapes séquentielles.
- La conquête du pouvoir d’état,
- Suivie d’une nécessaire phase de consolidation sous forme de dictature
- Et enfin la phase d’instauration définitive de la Monarchie libératrice.
À vrai dire Maurras n’innove pas mais s’aligne simplement sur la récente expérience de consolidation du pouvoir réalisée les républicains lorsqu’ils sont devenu majoritaires au parlement puis ensuite au Sénat. La III° République jusqu’alors aux mains des monarchistes passait « enfin » aux républicains. À cette consolidation, on donna le nom de « République des républicains ». En 1877 ils avaient renvoyés 85 préfets, 78 secrétaires-généraux et 280 sous-préfets. Deux plus tard, ils avaient procédé à une l’épuration encore plus radicale des personnels judiciaire, administratif, financier et militaire. Le dictateur républicain avait un nom, Léon Gambetta et on se souvient de sa célèbre injonction « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre ».
Cette stratégie républicaine et son déploiement ont été explicités dans deux livres remarquables du dreyfusard Daniel Halévy : La fin des notables et La République des ducs. Deux ouvrages indispensables a tout royaliste soucieux de la restauration monarchique.
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