Par Stéphane Blanchonnet
Si les royalistes s’intéressent à l’écologie, ce n’est pas par un effet de mode, mais parce que rien de ce qui concerne le Bien commun ne leur est indifférent. Toutefois, l’écologie selon qu’elle sera politique et globale ou, à l’inverse, individuelle et locale, ne doit pas être regardée de la même manière, surtout par rapport au Bien commun.
Rappelons que le Bien commun se conçoit différemment selon la vision de l’homme et de la société que l’on adopte. Dans une optique strictement politique, le Bien commun se confond avec l’intérêt général ou national, c’est à dire l’intérêt de ce « plus vaste des cercles communautaires » selon la formule de Maurras, intérêt qui est toujours supérieur à la somme des intérêts particuliers des citoyens qui composent la nation. Dans une optique plus spirituelle (conforme aux origines catholiques de la notion), le Bien commun, en plus d’être l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers, représente en quelque sorte l’ensemble des conditions sociales permet tant à chaque homme d’atteindre ses propres fins personnelles, morales et surnaturelles (le « salut » des croyants).
L’écologie globale (entendue comme celle qui en visage la solution du problème écologique à l’échelle supranationale et cosmopolitique) et l’écologie politique (en tendue comme l’idéologie des partis écologistes ou écologisme) entrent fréquemment en conflit avec le Bien commun intérêt national, notamment, dans le cas de la France, dans les débats sur le nucléaire, dont l’abandon prématuré pourrait mettre gravement en cause notre souveraineté. En ce qui concerne le Bien commun au sens chrétien et moral, le matérialisme de l’écologisme, très marqué à gauche aujourd’hui, le rend tout à fait aveugle à ce que l’on peut appeler l’écologie humaine. Parmi les ténors de l’écologie politique, seul José Bové fait figure d’exception en la matière.
Les choses sont tout à fait différentes du côté de l’écologie locale et individuelle. Cette dernière en promouvant le produire local et le consommer local, les filières courtes, le localisme, va naturelle ment dans le sens du Bien commun national et du patriotisme économique. Elle favorise également l’enracinement. Du point de vue éthique, cette écologie locale et individuelle développe le sens de la responsabilité (la « part du Colibri » chère à Pierre Rabhi) et limite la démoralisation engendrée par le catastrophisme de certains hérauts de l’écologie politique. C’est à l’évidence dans la direction de cette écologie là que doivent regarder les maurrassiens.