Par Louis Soubiale
Hormis au sein de quelques cénacles confidentiels du public cultivé, on a, d’une manière générale, oublié jusqu’au nom de Georges Dumézil qu’il ne nous revient pas, ici, de présenter autrement que très brièvement en ses éminentes qualités d’historien, de philologue, de linguiste, de comparatiste ou de mythologue, autant de domaines pleinement et sûrement maîtrisés qui lui permirent de faire une découverte fondamentale et d’en faire l’œuvre de toute une vie.
Dès 1938, en effet, il mit à jour ce qu’il appela l’idéologie tripartie commune à tous les peuples indo-européens, quels que furent les influences qu’ils subirent par ailleurs, au gré de leurs pérégrinations ou de leurs conquêtes. En résumé, nos lointains ancêtres indo-européens, de l’Inde védique, à l’Iran avestique, en passant par la Rome archaïque ou précapitoline ou la Grèce ionienne jusqu’aux mondes celtes ou germano-scandinaves, pensaient la société où ils vivaient comme organisée socialement (le cas de l’Inde des castes) ou structurée mentalement (par un fond légendaire -cas de Rome – ou religieux – cas de l’Iran avesto-mazdéen) autour de la distinction et la hiérarchisation de trois fonctions précises : la première, la souveraineté magico-religieuse ; la deuxième, la force et la violence guerrière ; la troisième, l’abondance et la fécondité.
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