Être héritier de l’histoire, héritier de l’Histoire de France, est une lourde charge, une responsabilité immense. Personne d’autre que vous, Monseigneur, ne peut imaginer le poids de cette bien pesante tradition. Être héritier d’un trône existant, ce n’est pas rien, mais on peut en définir les contours et envisager le poids de la charge. On voit, on soupèse, on évalue, c’est du concret. Mais hériter d’un trône à conquérir est une toute autre gageure ! Quand un père annonce cela à son fils, il tue l’enfant, il fait de lui un être à part, il fait de lui, « l’Héritier » il fait de lui un atlante qui devrait être capable de soutenir « La France à bout de bras ». Héritier d’un héritage à construire ne fait pas de vous un héritier « normal » ! Recueillir et faire fructifier un héritage n’est déjà pas une mince affaire, mais gérer un héritage virtuel même dans notre meilleur des mondes possibles relèverait du miracle. Et voilà ce que l’on demande à l’enfant Roi… Les Douze Travaux d’Hercule avaient au moins le mérite d’exister, mais régner quand la fonction et même le mot ont disparus, régner sur un royaume qui n’existe pas, voilà qui surpasse en difficulté, la conquête du Graal !
Mais, être « l’Héritage », y avez vous pensé, Monseigneur ? N’être même qu’une infime partie de cet héritage qui n’existe pas, voilà aussi un sacré rôle à tenir… Être « Sujet » d’un royaume sans contours et sans Roi, n’est pas simple non plus ! Nous, Le Peuple, n’avons pas le meilleur rôle dans ce théâtre d’ombres. Certes il n’y a plus de Roi…régnant, mais lui, Le Peuple est toujours là. Il a commencé sans culotte, il finit sans âme ! Grâce au Ciel, il a gardé son « Bon Sens Populaire », sa boussole qui le préserve du pire. Il se sait troupeau, dans le sens noble du terme, il cherche, il espère, il attend son berger. Et, comme le Monde est une admirable et époustouflante création, cela finira par arriver, l’Héritier retrouvera son Héritage et le Sujet son Royal Complément.
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