Par Charles de Meyer
Les manifestants libanais lisent-ils Péguy ? La foi, l’espérance et la charité sont bien sensibles dans l’éruption populaire du pays du Cèdre. Et Péguy dit à toutes les générations : « Mais l’espérance ne va pas de soi. L’espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. »
Nul besoin d’évoquer la foi à Beyrouth, elle est consubstantielle au peuple libanais, exception qui défie les analyses les plus raisonnables et les calculs les mieux fondés. La charité est, depuis longtemps, la ressource secrète d’un peuple affligé par les défaillances d’un État qui ne parvient toujours pas à assurer la continuité de la fourniture de l’eau et de l’électricité à toute sa population alors même que d’immenses concentrations de richesse existent dans le pays. Mais l’espérance ?
Elle a sûrement abondé dans le cœur de Julie, jeune universitaire, qui est parvenue à organiser une chaîne humaine inédite du nord au sud du pays. De cet Akkar tant appauvri aux confins d’un Sud trop empêché pour développer ses atouts. Elle aura certainement abondé au moment de la démission de Saad Hariri, vieil ami de la politique étrangère française, et incarnation paroxystique des clans se partageant le pays.
La suite