Par Philippe Germain
L’Action française refuse de se laisser enfermer dans un ghetto coupé de la réalité, uniquement soucieux d’entretenir la fidélité à la Maison de France. Sa propagande adresse essentiellement les français actifs car « L’objet vrai de l’Action française, ce n’est pas, à bien dire, la monarchie, ni la royauté, mais l’établissement de cette monarchie, l’acte d’instituer cette royauté ». D’où l’importance « du comment faire ? », du souci stratégique afin de guider son action.
L’Action française juge donc indispensable de présenter à ciel ouvert, a ses cadres, une stratégie réaliste sur les moyens et les circonstances. La voilà la condition préalable d’un déploiement stratégique efficace, en vu d’instituer la royauté. Cette présentation ( ou conspiration dira Maurras ) à ciel ouvert, nous l’avons entamée à partir des premiers textes stratégiques de Maurras. Ceux élaborés dans les premières d’années de création de l’Action française.
- De Dictateur et roi (1899) nous avons retenu l’approche stratégique par phases, avec la nécessité d’une période de Monarchie de salut public avant l’établissement du gouvernement normal du royaume. Nous en avons extrapolé la nécessité de création d’une relève des élites au travers une formation théorique et pratique. Enfin nous en avons déduit que l’A.F. n’a pas à faire un ” prêt à porter ” pour la monarchie, réduisant l’aventure royale aux dimensions d’un catalogue abstrait.
- De L’éducation du Monck (1901) nous avons retenu le choix stratégique du coup d’État ainsi que l’importance du concept d’Affaire/crise. Nous avons extrapolé notre réflexion sur les stratégies envisageables et identifié celles qui avait été écartés par l’A.F. Enfin nous nous somme penchés sur le risque de divergence stratégique et la réalité des différences de doctrines entre les Prétendants et l’A.F.
Avant de poursuivre notre démarche sur les texte des années suivantes ( Mademoiselle Monk, L’Avenir de l’Intelligence et Si le coup de force est possible ) il nous faut affirmer que si on peut parler d’autonomie de la stratégie – puisqu’elle est un domaine particulier posant des problèmes particuliers – en revanche il faut éviter de lui trouver ses propres finalités en elle-même. L’analyse stratégique est d’abord une observation, une enquête, une analyse de certains mécanismes propre à un état, à une société donnée et dans le cas royaliste, à la Famille de France qui porte le projet capétien pour le XXIeme siècle.
Voilà pourquoi l’A.F. appuie son analyse stratégique sur l’expérience des différents princes Bourbon-Orléans. Maurras nous a-t-il pas appris à concevoir historiquement ? Notre maîtresse en politique, n’est-elle pas l’expérience ? Afin de former des inductions raisonnables sur l’avenir nous sommes amenés à rétablir la vérité sur le passé. Un passé parfois méconnu des royalistes eux-mêmes.
Pourtant dans notre prochaine rubrique nous ferons d’abord un petit détour sur l’échec de restauration du comte de Chambord en 1873. Nous l’avons dit, pour ceux qui veulent connaître le détail des événements, il est nécessaire de lire les ouvrages de Daniel Halévy sur La fin des notables et La République des ducs mais dans le cadre de notre approche, nous présenterons la position de l’Action française formalisée en 1970. En notre période de résistance des Gilets Jaunes, elle donnera un éclairage à la fois sur la vocation populaire de la famille de France et sur le « hold-up démocratique/ coup de force » réalisé par l’oligarchie financière ( les dynasties républicaines du pays légal ) de 1873. Elles n’avaient pas besoin à l’époque du soutien de la technocrature d’un Emmanuel Macron.
Il sera alors possible de nous intéresser à Philippe VII (comte de Paris) 1883-1894 ; Philippe VIII ( duc d’Orléans ) 1894-1926 ; Jean III ( duc de Guise ) 1926-1940 ;Henri VI ( comte de Paris ) 1940-1999 et Henri VII ( comte de Paris, duc de France ) 1999-2019. Ces présentations nous seront utiles pour les groupes sociaux utilisés par les Princes comme support aux différentes stratégies déployées. Elles seront également intéressantes dans la compréhension des phénomènes de Scandale/Affaire/crise constituant des occasions utilisées par les Princes. Par sa démarche stratégique incarnée ( les Princes ), l’Action française évite tous risque d’enfermement purement conceptuel.