Par Olivier Perceval
Pour de nombreux chroniqueurs, la démocratie participative se résume au référendum d’initiative populaire. C’est vrai , mais c’est un peu juste. Cette notion s’apparente sous un nouveau vocable à un principe bien plus ancien dans la dénomination: « la subsidiarité ».
Le principe de subsidiarité entend redonner à toutes les composantes d’une nation, un rôle dans le devenir commun. C’est aussi un état d’esprit qui se décline dans tous les domaines, de l’économie au social en passant par le politique.
Ceux qui, fort nombreux à droite, fustigent en permanence et jusqu’à l’écoeurement « l’assistanat », même si cela cache souvent un refus de solidarité fondé sur la méritocratie, n’ont finalement pas entièrement tord. Car il faut choisir entre un mode distributif, c’est à dire que le sommet de l’Etat tient le robinet et définit les critères de solidarité nationale, et le mode participatif s’appuyant sur la proximité, ou l’engagement est plus direct et plus horizontal.
Bien sûr, il apparaît clairement que l’immigration massive et continue vient brouiller fortement les codes sociaux, c’est une des raisons pour lesquelles un gouvernement de salut public devra s’assurer par référendum qu’un terme soit mis à cette afflux de population et que des reconduites vers les pays d’origine soient organisées pour les étrangers qui ne veulent ou ne peuvent s’intégrer. Une telle politique justifiera aussi, par voie référendaire une véritable politique familiale digne de ce nom.
Ce qui fonde le désir de « vivre ensemble » passe nécessairement par le partage d’un patrimoine commun, d’une histoire commune, ce qui inclut naturellement cette volonté de continuer l’œuvre qui nous précède en tant qu’héritiers et transmetteurs de témoin à la génération suivante. Il semble admis aujourd’hui que l’individualisme développé au sein de notre société, constitue un obstacle majeur au maintien de la cohésion sociale. L’individualisme s’appuie évidemment sur un système fondé sur la compétition dans une logique de méritocratie, et qui prône pour se faire « l’Egalité ». N’y aurait-il pas derrière la référence à ce concept une perversion cachée qui justifierait l’exclusion de ceux qui, partant sur le même plan d’égalité que les autres, se perdent en chemin ?
Qu’est ce qui provoque la « crise du lien social » ? Plusieurs raisons sont invoquées par « BRISES » (banque de ressources interactive de sciences économiques et sociales) parmi lesquelles :
Déclin de l’autorité et affaiblissement des liens familiaux
On pourrait ajouter que la disparition des églises dans les villages et les quartiers, la faillite du syndicalisme et sa transformation en « lobbies », dans le monde du travail, la multiplication des grandes surfaces et la disparition de l’agriculture usage local, des petits commerces et autres estaminets favorisent une perte du lien social dans nos quartiers et nos régions.
Il convient aussi de noter l’éloignement des populations des centres de décisions, des administrations et des maîtres de la finance qui organisent quelque part entre Washington et Dubaï le devenir de nos sociétés.
La logique de territoire
La cohésion sociale ne doit pas être recherchée à travers des slogans idéologiques. Cela suppose de revenir au principe de réalité qui par nature se méfie des fantasmes prométhéens qui étourdissent l’esprit et finissent dans le chaos.
la logique de territoire , c’est retrouver la notion de proximité. Comme jadis les villages, les hameaux, les quartiers, la rue. Habiter ensemble, c’est « co »habiter et établir sans que cela nécessite de mesures législatives particulières, des solidarités spontanées de bon voisinage.
La partie est délicate, car ceux qui pèsent dans les institutions distinguent mal les notions de citoyenneté d’avec celles de consommateurs individualistes à la recherche de produits de substitutions (de la télévision aux antidépresseurs) pour pallier le manque de rapports humains et conviviaux.
Il existe aujourd’hui des chercheurs, en sociologie notamment, qui tentent de renouer avec cette tradition de l’organisation sociale de proximité ; dans le cadre méthodologique du « développement social territorial ».
Cette notion est venue de l’échec relatif des mesures de politique de la ville.
Développement social territorial
En effet, quelques observateurs sociaux se sont rendus compte du caractère inadapté des méthodes descendantes d’action sociales dans les quartiers défavorisés. Méthodes concoctées dans des cabinets ministériels, dont les fonctionnaires surdiplômés n’imaginent pas autre chose que la construction d’équipements publics et la distribution d’aides aux individus et subventions à des associations
Ces observateurs (parmi lesquels Jean-François Bernoux*) préconisent le diagnostic social sur des territoires identifiés. Ce diagnostic qui vise à définir les caractéristiques humaines, naturelles, économiques socio-professionnels… implique, outre tous les acteurs institutionnels, l’ensemble de la population dans sa diversité qui évolue sur le territoire étudié. Les méthodes proposées, visent à rendre chaque habitant (à des degrés divers) acteur de l’étude et par la suite acteur du projet collectif partagé.
Dans l’anomie que traverse notre société, ce n’est pas chose facile, car cela suppose que chacun se ré-approprie ce qui constitue l’histoire commune avant d’envisager le devenir commun.
Cette mobilisation locale implique nécessairement la transition de degré en degré par le jeu d’échanges et de concertations inter-territoriales et par un effet de seuil de compétence reconnu qui justifie la délégation d’autorité, vers ceux chargés de traiter à un niveau plus vaste.Donc on parle ici de subsidiarité montante et non descendante.
La démarche est intéressante parce qu’elle vise à rendre collectivement les populations actrices de leur devenir en permettant l’épanouissement des communautés naturelles (familles) ou de destin (associations,professions, communes).
Cependant il faut rester conscient que ce mode de fonctionnement nécessite un long travail de concertation entre les différents acteurs, pour que le diagnostic, non seulement reflète une réalité d’un territoire, mais aussi soit porté par les habitants.Ce qui suppose de sortir de l’anomie généralisée.
C’est en effet ce portage local qui le rend vivant et en capacité de préparer concrètement le projet social de territoire.
Tout cela n’est bien sûr possible qu’avec le soutien des pouvoirs publics et la bienveillance du chef de l’Etat si lui même parvient à recouvrer son indépendance totale, ce qui n’est possible que dans le cadre d’une monarchie.