Par Guilhem de Tarlé
Fahim, un film français de Pierre-François Martin-Laval, avec Gérard Depardieu (Sylvain, l’entraîneur d’échecs), Isabelle Nanty (Mathilde, son assistante) et Assad Ahmed (Fahim), adapté du roman Un Roi clandestin, récit autobiographique (2014) de Fahim Mohammad et Xavier Parmentier (l’entraîneur de Fahim).
La France est-elle « le pays des droits de l’Homme » ou « le pays de la Déclaration des droits de l’Homme » ?
La formule est jolie qui n’a sans doute rien d’historique même si le cas de Fahim, clandestin bangladais de moins de 12 ans, a bien été exposé au Premier Ministre de l’époque, François Fillon, à l’antenne de France Inter, le 14 mai 2012.
La formule est jolie… ce qui ne l’empêche pas d’être stupide et hors sujet… Qu’est-ce qu’un « droit de l’homme » ? Est-ce un « droit de l’homme » – et d’où viendrait-il ? – pour un jeune sans papier d’être adopté par la pays dans lequel il est entré par effraction ? Les citoyens de ce pays n’ont-ils pas le « droit » (et non pas un « droit de l’homme ») de décider qui est le bienvenu et le malvenu chez eux ?
Cette jolie formule qui intellectualise et politise une très belle histoire, un véritable conte de fée, impose malheureusement de qualifier Fahim de « film de propagande ».
Un film qui voudrait nous obliger à accueillir tous les petits clandestins réfugiés qui seraient tous des Fahim en herbe, tous des « chances pour la France ».
Et de quel droit la France s’approprie-t-elle Fahim ? Ce génie des échecs ne devrait-il pas d’abord être « une chance pour le Bangladesh » ?
La question est posée par ailleurs dans le film, et même assez joliment, de la « générosité »… La véritable générosité n’aurait-elle pas été de rendre au Bangladesh son « champion du monde d’échecs » ?
« L’immigration choisie » n’est-elle pas finalement une autre forme, hypocrite, de colonialisme et d’esclavage privant les pays du tiers-monde de leurs élites ?
Ne nous laissons donc pas prendre par la pensée unique, mais constatons néanmoins que ce Fahim est un bon film, un biopic amusant, et surtout un documentaire passionnant sur l’apprentissage du jeu et la formation de ses champions… La scène de l’entraînement, dos au plateau, est à elle seule fantastique ainsi que le déroulement des compétitions.
A voir par tous les joueurs d’échecs.