Par Aristide Leucate
L’on a dit – et l’on profère encore – beaucoup de sottises sur Maurras et l’Allemagne, sur le nationalisme intégral – parce que monarchique – défendu par l’Action française et le national-socialisme hitlérien. C’est bien simple, la figure du Martégal a cristallisé tout ce que philo-germains enamourés et germanophobes rabiques ont pu ou peuvent éprouver de sentiments contradictoires, sinon ambivalents. Les uns lui reprochèrent avec hargne son « esprit de système » qui n’était, selon eux, que l’expression d’une crasse ignorance du « génie » teuton quand les autres continuent à lui intenter le procès imbécile et haineux d’un collaborationnisme effréné, autre illustration peu glorieuse d’une non moins atterrante inculture.
L’on doit savoir infiniment gré à l’historien Michel Grunewald, confrère et ami d’Olivier Dard (auquel on doit la codirection d’un récent et remarqué Dictionnaire des populismes) avec lequel il partage le même champ de recherche depuis des années, d’avoir bien voulu consacrer un livre entier (De la « France d’abord » à la « France seule ») à cette épineuse question des rapports qu’a entretenus L’Action française de Charles Maurras avec le nationalisme du Troisième Reich. N’ayant reculé devant aucune difficulté d’ordre historiographique ou archivistique, l’auteur s’est patiemment employé à compulser, collationner et annoter l’impressionnante collection du journal royaliste L’Action française, de sa première année de parution, le 21 mars 1908, à son ultime numéro, le 24 août 1944. Mais, surtout, Grunewald s’inscrit dans les pas de l’école historique allemande personnifiée par Leopold Ranke (1795-1886) pour lequel « l’histoire ne [doit être] faite que des témoignages directs et des sources les plus authentiques », soit s’en tenir rigoureusement à « ce qui s’est réellement passé ». Et il convient de reconnaître qu’en ce domaine, plus qu’ailleurs certainement, l’exposé ne doit souffrir la moindre incertitude ou approximation…