Par Guilhem de Tarlé
Une vie cachée, un film américano-allemand de Terrence Malick avec August Diehl et Valerie Pachner (Franz et son épouse Fani), d’après l’histoire vraie de Franz Jägerstätter, béatifié pat Benoît XVI en 2007.
« Pour vivre heureux, vivons cachés »…
On peut effectivement aisément penser que si Franz avait fui sa ferme avec femme et enfants, au lieu d’obéir à son ordre de mobilisation, il aurait vécu, d’abord, et plus heureux que sous les coups et la torture de ses geôliers allemands.
Cette vie cachée, c’est l’histoire d’un héros ignoré, et de tous ces « soldats inconnus » dont le sang est la semence de la victoire.
Je n’avais rien lu et ne savais rien de cette réalisation, j’ignorais l’existence et le nom de ce bienheureux, je n’imaginais donc pas que j’allais voir un biopic alors que la bande-annonce m’avait laissé croire à une fiction, un banal film de guerre.
En fait, c’est un film « religieux » et j’ai pensé au Silence, cette production extraordinaire de Martin Scorcese en 2016 sur la tentative d’implantation du christianisme dans le Japon du XVIIème siècle, quand les autorités imposaient aux convertis de se parjurer et de marcher sur une croix pour ne pas subir une mort atroce.
Le cas de conscience de Franz est bien différent qui refuse seulement d’exprimer un acte de fidélité à Hitler, et trouve dans sa foi, la force et le courage de résister aux pressions tant physiques que psychologiques (l’abandon de sa femme et de ses enfants, voués à la vindicte d’un entourage, dont sa mère, qui le considère comme déserteur et traître à sa patrie).
Et après tout ? Les voisins avaient-ils tellement tort ?
L’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs… Que dirait-on de lui, si l’issue de la guerre avait été différente ?
J’avoue avoir eu du mal à entrer dans ce très très long-métrage (près de 3 H) en VOSTF, et à éprouver de l’empathie pour Franz. Que savait-il de la monstruosité d’Hitler quand il a refusé son « serment de fidélité » ? C’est trop facile de juger quand on connaît la fin…
Aurions-nous été du nombre des disciples ou au contraire des pharisiens ?
Admirons quand même qu’il a été fidèle à ses convictions jusqu’au bout, qu’il a mis « (sa) peau au bout de ses idées »…
Franz n’est pas un héros parce qu’il était « du bon côté », dans « le camp du bien », mais parce qu’il est allé jusqu’au sacrifice suprême.
D’autres ont fait de même dans d’autres camps et d’autres combats…
« Le sang qui a coulé est toujours un sang pur » disait le poète.