Par Christophe Boutin
lors qu’Emmanuel Macron et son gouvernement semblent fragilisés par le mouvement contre la réforme des retraites et que les voix s’élèvent de toute part, Les Républicains cherchent à se montrer plus offensifs. Lors de ses voeux, Gérard Larcher a par exemple fustigé la Macronie : » Nous étions à l’aube d’un nouveau monde. Le jour ne s’est pas levé ».
Atlantico : Si Les Républicains se montrent plus offensifs ces derniers temps, s’attaquant plus profondément à la Macronie, n’y-a-t-il pas un problème de crédibilité de leur côté ? Ont-ils vraiment la possibilité de montrer les dents alors que certains de leurs élus forment des alliances avec la majorité en vue des municipales ou même qu’une partie du programme défendu par le Président – la réforme des retraites par exemple – est très proche de ce qu’ils défendent eux-mêmes ?
Christophe Boutin : On pourrait éluder vos questions en vous répondant qu’il est somme toute bien difficile d’appliquer des règles conçues pour l’étude de partis politiques vivants à la dissection d’un cadavre. Mais est-on jamais vraiment mort en politique ? Même laminé électoralement, même bien silencieux face aux crises actuelles – à part les soubresauts que vous évoquez – le parti des Républicains continue d’exister, et il y a toujours semble-t-il un créneau pour une offre politique qui se situe entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais encore faut-il alors exister par soi-même, or vous soulignez à juste titre un certain nombre de contradictions.
La première porte sur la difficulté qu’a ce parti à proposer clairement un programme d’opposition, alors que locataire installé depuis bientôt trois ans à l’Élysée est en train de réaliser… les réformes que le parti aurait souhaité mettre en œuvre. La question de la réforme des retraites a ici valeur d’exemple : il est certain que, pour une partie des cadres comme de l’électorat des Républicains, une telle réforme était d’abord indispensable, au vu de la crise qui s’annonçait, mais aussi qu’ensuite les solutions proposées par Emmanuel Macron – le passage à une retraite par capitalisation, ou l’augmentation de la durée de cotisation – rejoignaient nombre de leurs orientations. On pourrait en dire autant d’ailleurs d’autres réformes envisagées par la majorité au pouvoir, ou des positionnements du Président sur la scène internationale, et même de certains choix dits sociétaux : s’ils avaient obtenu le pouvoir en 2017, nombre de leaders des Républicains auraient eux aussi concédés ces réformes dites sociétales (PMA, GPA…), présentées comme des éléments secondaires mais qui bouleversent en profondeur les structures
La suite