L’amphithéâtre «Beyoncé» à l’Université Paris Nanterre, 4 mars Capture d’écran Twitter
«L’Histoire se joue d’abord comme un drame, et se répète comme une comédie», écrivait Jacques Ellul. À force de bégayer pour nous rejouer inlassablement la lutte de l’opprimé contre l’oppresseur, l’histoire de l’émancipation et des combats sociaux n’est plus qu’une ridicule parodie d’elle-même. Il semble loin le combat de Victor Schoelcher pour l’abolition de l’esclavage ou celui des suffragettes pour le droit de vote des femmes. Désormais, nos résistants 2.0, syndicats d’indignés professionnels, militent pour la création de toilettes «neutres», dénoncent la façon dont les hommes s’assoient en public. Un symbole supposé de leur volonté de dominer l’espace. Ils interdisent des représentations théâtrales accusées de pratiquer l’«appropriation culturelle», censurent ceux qui ne pensent pas comme eux au nom d’une vision très personnelle de la démocratie. Se mobilisant ainsi, chaque jour, contre des chimères conceptuelles qu’ils ont eux-mêmes créées au sein de leurs laboratoires universitaires en études de genres, et autres études postcoloniales.
Cette semaine, c’est encore au nom de la lutte pour le Bien contre le Mal ou le Mâle (les deux orthographes sont acceptées) que l’UNEF a débaptisé les amphis de l’université de Nanterre pour leur donner le nom de «femmes influentes». Les selfies ayant remplacé les manifestes, c’est par un cliché bien cliché que l’on a découvert le nom des lauréates choisies par les militants de ce syndicat étudiant: les chanteuses Beyoncé et Aya Nakamura, ainsi que les activistes Assa Traoré et Rokhaya Diallo. Les réactions moqueuses ont aussitôt inondé les réseaux sociaux. Il est vrai qu’en être réduit à désigner ces personnalités comme symboles de l’Université révèle la pauvreté culturelle de ceux qui ont établi ce palmarès. Leurs références semblent se résumer aux tendances Twitter du moment.
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