par Gérard Leclerc
Que dire de l’étrange journée vécue hier ? Quelle pythonisse aurait bien pu prévoir la situation qui est la nôtre ? Un pays paralysé, une sourde crainte face à l’extension d’une pandémie qui s’est emparée de l’Europe entière alors qu’elle venait d’Asie, des fidèles privés de leur eucharistie dominicale. Et pour terminer le tableau, une journée de compétition électorale. On discutera à l’infini du bien-fondé de la décision du président de la République de maintenir le vote des municipales, alors que lui et son Premier ministre donnaient des consignes de plus en plus strictes en ce qui concerne la protection des personnes et donc la restriction maximum des occasions de rencontres et de contacts. Était-ce une sorte de test de civisme ? En tout état de cause l’abstention record d’hier a montré que les conditions n’étaient pas idéales. Y aura-t-il un second tour possible, la semaine prochaine ?
Je suis contraint pour ma part de faire un mea culpa à mes auditeurs. Car je n’ai pas pris conscience suffisamment vite de la menace qui était en train de fondre sur nous, sur notre pays. À dire vrai, c’est l’avertissement de mes collègues correspondants de la presse française en Italie qui m’a mis brutalement en face de la réalité. Ces collègues avaient signé, en effet, une lettre d’avertissement sévère à notre égard. Ce dont ils étaient témoins dans la péninsule italienne les obligeaient à nous prévenir que nous n’avions pas à nous rassurer, car ce qui se déroulait sous leurs yeux ne pouvait que se produire en France dans les plus brefs délais. Il est vrai que je pourrais alléguer pour ma défense l’attitude des pouvoirs publics chez nous. N’ont-ils pas tardé à prendre les mesures radicales qui s’imposaient, c’est-à-dire la fermeture de tous les établissements scolaires et universitaires, puis celle de tous les lieux publics, aussi bien les salles de spectacle, les cafés, les restaurants et même les lieux de culte.
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