Par Jean-Philippe Chauvin
Depuis quelques jours, il est de bon ton d’affirmer ou d’espérer que, après cette crise, rien ne sera plus comme avant, et nombre d’articles évoquent cette possibilité, cette « bonne nouvelle » que je suis le premier à souhaiter. Le discours du président lui-même n’appelait-il pas à changer les choses, à en finir avec l’illimitation de la mondialisation ? En tout cas, il est bien certain que cette période étrange fournit nombre d’arguments crédibles et solides aux partisans d’un retour au local et d’une certaine distanciation du mondial lointain : retrouvons le sens du proche et des prochains, cela paraît désormais plus prudent et, surtout, nécessaire.
Mais, malheureusement, il est de plus en plus certain que les élites mondialisées et libérales n’ont guère envie de renoncer à leur idéologie et à leurs pratiques, aussi néfastes soient-elles pour le planète comme pour la justice et les équilibres sociaux : le président brésilien Bolsonaro, sans vergogne, fait un bras d’honneur à l’idée de décroissance quand il valorise « l’économique d’abord » et se refuse à quelques mesures de précaution, y discernant un hypothétique complot contre les intérêts de son pays et de son intégration dans la mondialisation. Et, en France même, malgré les discours et lamentations d’usage, c’est la même petite musique qui commence à se faire entendre, en particulier si l’on a la curiosité de plonger dans la presse économique et boursière.
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