Par Olivier Perceval
Quel paradoxe ! Nous fêtons la formidable résurrection du Christ, la plus grande fête chrétienne dans le confinement le plus triste et le plus affligeant qui soit, d’une société sûre d’elle, matérialiste, consommatrice à outrance, ayant instauré le Graal du libre échangisme et de la loi des marchés comme vertu planétaire. Cette société incapable de faire face à un virus est prise de vertige, particulièrement en France, fille ainée de l’Église mais apostâte, infidèle aux promesses de son baptême. La France laïciste, LGBT et amorale est démoralisée.
L’état est, quant à lui, dépassé et arc-bouté sur les dogmes médicaux des « sachants » de la médecine, des « Diafoirus » raisonnables et moralisateurs.
Cet état hésite, tarde à prendre des décisions, avance et recule, en constatant que pour cette « guerre jupitérienne », qui n’est certainement pas de mouvement, l’armement est rare et obsolète comme en 40. Lequel état, d’un quinquennat à l’autre a changé de têtes, mais s’inscrit dans la continuité des injonctions bruxelloises et a pris beaucoup d’avance sur les autres pays de l’UE en matière de démembrement de son industrie, de délocalisation de la production vers l’étranger et de respect « religieux », même dans les secteurs stratégiques, de la loi du libre marché, se montrant ainsi un bon élève de la « grosse commission ».
Le secteur hospitalier est aujourd’hui sinistré. Et l’on applaudit tous les soirs, dans une espèce de cérémonie pathétique à 20h, le personnel de santé, que la police gazait et matraquait quelques mois plus tôt, parce qu’il avait l’outrecuidance de dénoncer la précarité et la désertification médicale du pays.
Le confinement qui dure – et commence à devenir lourd pour une population déboussolée, inquiète et fragilisée par l’évanescence des donneurs de leçon qui défilent sur les plateaux médiatiques, médecins de l’établissement et journalistes confondus – s’arrêtera-t-il un jour ?
Le président, pas plus qu’aucun représentant du gouvernement, n’a souhaité envoyer un message aux chrétiens dont un bon nombre sont desélecteurs macronistes, à l’occasion de la fête de Pâques clôturant les quarante jours de carême. D’autres religions sont mieux traitées, qui subissent moins de critiques malveillantes de ceux qui font l’opinion.
Il est difficile d’envisager ce qui se passera après le confinement, si celui-ci se résume à une contrainte matérielle ou l’homme devient le lièvre de LaFontaine : « Cet animal est triste et la crainte le ronge ». Nul sentiment doté d’un peu de verticalité ne semble habiter nos compatriotes pour lesquels Pâquesest passé quasiment inaperçu, nulle petite espérance un peu réjouissante ne sesera échappée de la boite de Pandore pour distraire nos contemporains de leurs angoisses virales. Fêtes de Pâques moroses donc, églises vides et clergé contraint d’utiliser la vidéo pour faire vivre les cérémonies à domicile, dans une indifférence quasi générale, voire une hostilité pour quelques voisins ne supportant pas la musique liturgique.
Mais réjouissons-nous quand même, les quelques chrétiens encore attachés à cette tradition et qui ont réussi à vivre un vrai carême, pour le coup favorisé par les mesures publiques de confinement, savent ce que signifie cette fête de la résurrection, mais cela se passe au fond des cœurs, là où les faux semblants et les misérables vanités, égocentrismes de toutes sortes disparaissent sous l’intensité de la lumière céleste.
La bonne nouvelle est, que cette lumière brille pour tout le monde, pourvu que, comme l’indique Gustave Thibon, le regard n’y manque pas.