Par Luc Compain.
Ils seraient 0,8 %, ces Français à avoir subi une vasectomie, qui consiste en une stérilisation définitive. Et cinq fois plus de femmes à avoir opté pour la ligature des trompes. Certains d’entre eux considèrent que chaque nouvelle naissance est un poison supplémentaire pour la planète, quand d’autres se refusent à infliger le monde qui vient à leur éventuelle progéniture.
Le malthusianisme retrouve un nouveau souffle, et l’on voit apparaître des partisans de l’extinction complète de l’humanité. Bien que le phénomène soit encore marginal, il témoigne des voies extrêmes qui peuvent être empruntées en réaction au choc provoqué par l’urgence écologique.
Cela doit d’autant plus nous questionner que la question écologique est aujourd’hui au centre du débat public et fait recette électoralement. Aussi, quel sens donner à la préoccupation grandissante de nos contemporains pour l’écologie et quelle est la nature de cette dernière ? Si elle n’implique pas toujours une mutilation, cette adhésion repose le plus souvent sur une rupture avec la société thermo-industrielle, dont l’économie repose sur l’exploitation des énergies fossiles. Ceux qui estiment qu’elle est condamnée à s’effondrer se font appeler collapsologues. Certains observateurs soulignent les similitudes entre ce catastrophisme et les eschatologies millénaristes : le pire est à venir, l’apocalypse imminente, et les terreurs provoquées par l’obsession de la fin du monde bien palpables – on qualifie ainsi d’éco-anxiété la détresse liée au réchauffement climatique. De là, ils en concluent que l’écologie prend la forme d’une nouvelle religion. Pas de celles qui nous donneraient de voir un jour des martyres se laissant engloutir sous la montée des eaux ou se consumer dans les incendies d’Amazonie pour témoigner de leur foi dans le réchauffement climatique et la nécessité d’une alternative. Plutôt, pour reprendre un concept forgé par Raymond Aron, une religion séculière, comme explication globale du monde, détenant les clés de l’histoire et du salut de l’humanité.
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