Chacun désire naturellement persister dans son être et n’envisage sa disparition ou même son effacement progressif par l’âge et les handicaps qu’avec dépit. Le plus souvent, nous souhaitons au moins le meilleur avenir pour nos proches et nos enfants. C’est pourquoi le principe de précaution agit avec tant de force, puisqu’il consiste à affirmer qu’il faut, face à un danger, prendre le maximum de mesures pour prévenir celui-ci, et donc sauver des vies, chacun recevant le message en pensant à la sienne.
On remarquera l’utilisation de l’argument, par exemple, pour justifier la limitation de la vitesse ou le confinement. Il s’agit de vies ou de morts virtuelles dont l’existence est purement statistique, mais l’effet est assuré : beaucoup placent leur vie parmi celles qui ont été sauvées et se font les collaborateurs zélés et enthousiastes des restrictions qu’on apporte à leurs libertés, puisque c’est « pour leur bien ». Évidemment, l’efficacité du processus varie avec les peurs : lorsqu’il s’agit d’environnement, de pollution et, plus encore, de réchauffement climatique, la peur demeure lointaine et abstraite et n’est pas à la mesure des contraintes qu’on prétend imposer aux automobilistes, par exemple. De même, la convergence de la limitation de vitesse avec l’augmentation des amendes déclenchées par des radars a rendu le bon sens des conducteurs soupçonneux, et avec raison. La vitesse n’est pas, n’est plus la cause principale des accidents, mais seulement le facteur le plus facile à sanctionner quand il s’agit d’automobiles…
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