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Mort décapité

Par Jeanne Estérelle

Le 15 octobre, sous le couperet, jaillit le sang de la Reine, bleu. La mémoire en a éclaboussé, malgré eux, le professeur d’histoire décapité et son assassin. Ce fait est encore plus surprenant que le croquis de David dont l’éclat du martyr a éteint le trait satirique pour ne laisser suinter que la haine. Marie-Antoinette a projeté la lumière du sacre sur la caricature de Mahomet vouée à la mort.

Quelles qu’aient été ses convictions secrètes, le fonctionnaire de l’Education Nationale assassiné a suivi la ligne des journalistes de combat, apparus à la Révolution, jusqu’à s’identifier aux caricaturistes de Charlie Hebdo. Le professeur athée qui étouffe dans le carcan des Droits de l’homme inspire, en effet, l’air vicié de la caricature pour lutter contre l’obscurantisme auquel il s’est de lui-même attaché de plein gré.

La servitude volontaire1asphyxie le corps enseignant qui prône la rébellion sans jamais s’insurger contre l’idéologie mensongère des manuels scolaires, puisqu’elle n’entrave pas la liberté d’expression ! La falsification de l’histoire l’accule, en revanche, à revendiquer le droit au blasphème au mépris de sa force létale. La majorité de ses membres se vouent donc à expirer plutôt qu’à admettre « la guerre totale »qui a commencé, comme le martèle Boualem Sensal.

Les vers oubliés de Ronsard qui célèbre l’invincible, indomptable Martel2 croisent l’avertissement du romancier algérien:

Ainsi leur camp en bandes divisé,

Ayant trouvé le peuple baptisé,

Bien qu’acharné de meurtre et de tu’rie,

Sera contraint d’arrêter sa furie…

Même si le ton martial d’Elisabeth Badinter devait enflammer les républicains face à l’hégémonie islamique, ils ne combattraient que par la contagion mentale 3de Marat, le directeur de l’Ami du peuple. L’énergie du baptême qui n’appartient qu’à la Dame élue et à ses enfants4germera sans doute pour un autre combat.

1 La Boétie
2 La Franciade
3 Léon Daudet
4 Image poétique de Saint Jean pour désigner la communauté à laquelle il s’adresse dans sa deuxième épître