Par Jean Philippe Chauvin
Une fois de plus, une multinationale montre le visage d’un capitalisme sans cœur mais pas sans intérêts, ceux de ses propriétaires et de ses actionnaires. Ainsi, l’entreprise de pneumatiques Bridgestone a décidé de fermer son usine de Béthune et de sacrifier ses 863 salariés, sans même jeter un œil aux projets alternatifs proposés par l’État et la Région. Cette fermeture, même si elle se veut accompagnée de mesures de reclassement, est une véritable tragédie sociale pour la ville et les environs, autant pour les ouvriers eux-mêmes que pour les entreprises sous-traitantes et les commerces avoisinants : plus de 5.000 emplois sont ainsi menacés et fragilisés, au moment même où la République semble incapable de s’opposer à l’hégémonie des grandes plateformes numériques étrangères et qu’elle menace la survie de nombre de commerces de proximité par sa politique erratique de confinement sans stratégie de long terme.
Pour faire entendre raison aux multinationales mondialisées et favoriser le travail en France, encore faut-il un État qui soit non seulement stratège mais qui dispose d’une véritable durée et d’un réel enracinement social susceptible d’amortir les chocs sociaux et de promouvoir des alternatives industrielles crédibles quand une branche d’activités est menacée. Non un État « chef d’entreprise », non un État intrusif, mais un État qui aide, qui soutient les initiatives en les valorisant, un État qui ne dirige pas tout mais qui s’appuie sur un réseau enraciné d’entrepreneurs et de salariés motivés, et organisés, non pour « revendiquer » mais pour ordonner les activités et les métiers.
En attendant cette Monarchie sociale et corporative que nous travaillons à installer en France, le combat d’urgence est de soutenir, haut et fort, les protestations et les initiatives ouvrières et professionnelles des salariés de Bridgestone, et de « faire force » face aux multinationales égoïstes et insoucieuses du sort des travailleurs et de la ville de Béthune.