2020 aura été sans contredit l’année du nouvel ordre sanitaire. Ce nouveau régime est moins un produit ex nihilo que l’aboutissement de logiques et de façons de penser propres à la modernité. Jamais le monde n’aura été autant codifié et aseptisé: place au safe space politique, psychologique et maintenant sanitaire. Naguère lieu d’échange et de saines confrontations, l’espace public est déserté (physiquement comme intellectuellement) au fur et à mesure que nous sommes invités à rester confinés dans notre bulle pour notre santé physique et mentale. De notre confinement toujours plus grand naît une polarisation toujours plus grande. C’est le triomphe de la chambre d’écho.
Des colonnes de chiffres, toujours des colonnes de chiffres…
Le nouvel ordre nous fait entrer dans une société qui n’est plus qu’un amoncellement de phobies et d’égocentrismes, un univers de l’aplanissement total où la possibilité de l’aventure est réduite à néant. Tout est gestion du risque, bilans, inventaires et police d’assurance. Notre monde désenchanté ne réfléchit plus qu’en termes de résultats, d’objectifs et d’oppressions potentielles (freiner plus de cas, épargner plus, optimiser des services, être plus représentatif de tel groupe, etc.). Nous quantifions et mesurons sans cesse, comme si les nombres affichés sur nos écrans pouvaient résumer nos vies entières.
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