par Gérard Leclerc
Trois mois après l’odieux assassinat de l’enseignant Samuel Paty, la question de l’emprise islamiste sur l’institution scolaire reste posée. Une enquête réalisée par l’Ifop, à la demande de la fondation Jean Jaurès, est à nouveau l’occasion d’une prise de conscience alarmante, renforcée par de multiples témoignages. Quatre professeurs sur cinq assurent avoir été confrontés, au cours de leur carrière à des revendications définies pudiquement comme religieuses. Autant dire que nous sommes confrontés à un défi de civilisation, que l’invocation rituelle à la laïcité est bien en peine de résoudre. J’avoue d’ailleurs chercher, à la lecture de mes confrères, ce qu’il faut entendre par ce mot fétiche, et je suis plutôt dans l’embarras.
Ce n’est pas que j’estime inopérante cette notion de laïcité, qu’au minimum il faut définir comme distinction du spirituel et du temporel, mais la distinction ne signifie pas l’ignorance mutuelle. La loi de 1905, elle aussi constamment invoquée, part de la distinction et même de la séparation, mais c’est pour établir les conditions pratiques de l’exercice du culte. C’est donc qu’il n’y a pas ignorance mutuelle, mais au contraire confrontation et négociation. Cette négociation, en dépit du climat belliqueux qui existait aux origines de la IIIe République, se faisait en terrain connu, le christianisme étant substantiellement présent dans notre civilisation. Avec l’islam, c’est tout autre chose, c’est beaucoup plus compliqué.
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