Par Germain Philippe
Après avoir désigné le Pays légal comme l’ennemi prioritaire, l’Action française l’a conceptualisé comme le défenseur du Système politique, puisque étant son principal profiteur. Elle a aussi marqué sa différence démophile par rapport aux désignations (Caste, Établissement, Oligarchie…) utilisées par les démolâtres populistes. Voilà qui est bel et bon, mais insuffisant.
C’est pourquoi, afin d’éviter la posture critique « hors sol », si répandue, les maurrassiens approfondissent la composition de l’ennemi prioritaire. Ils répondent à la question : Qui sont-ils « ceux » qui par la maitrise politique de l’appareil d’État républicain, exercent une domination sociétale et sociale sans souci du bien commun ? Cela impose :
- de traiter, ce que l’historien François Furet nomme la « question des origines ». Celle-ci, dit-il, hante notre histoire nationale depuis 1789. L’histoire comme laboratoire y aide.
- d’éviter « l’idée de complot », notion centrale et polymorphe dans l’idéologie révolutionnaire, précise encore Furet. Pas plus aujourd’hui de complot bourgeois ou mondialiste, que de complot « aristocratique » en 1789.
La question des origines donc. Observant dans l’histoire mondiale, les répétitions d’une même causalité, le maurrassisme dégage une loi de physique sociale sur le développement d’oligarchies : Toute révolution produit une « nouvelle classe » soudée à la longue par l’intérêt. En France c’est Bonaparte, qui pour sauver la Révolution de 1789, souda des gens de tous les milieux, par l’enrichissement résultant de la confiscation du pouvoir politique. Cette classe dirigeante devint héréditaire. Ces « dynasties républicaines » du pays légal, gouvernent et exploitent la France depuis le Directoire. Explication…
Cette nouvelle classe, avide de faire « une fortune immense », avouera Talleyrand, fut constituée de prêtres jureurs à la constitution civile, de membres de la vieille noblesse, de jacobins, de margoulins enrichis par l’achat des biens nationaux, de commerçants grassement rétribués par les fournitures aux Armées.
Pour ces habiles en finance, Bonaparte créa la Banque de France, avec son privilège exclusif d’émission des billets. Elle est là l’origine des discrètes « 200 familles » (Edouard Daladier – 1934), cette « élite financière » dont la famille Giscard fut emblématique. Certains descendants figurent parmi les soutiens de Macron.
Cette élite financière est une ploutocratie, c’est-à-dire le gouvernement des plus riches. Elle n’a rien à voir avec le capitalisme industriel car elle ne prend aucun risque. Elle se contente de profiter des opportunités offertes par l’état ; par exemple la construction des chemins de fer au début de la IIIème république, les contrats de guerre en 1914-1918, la décolonisation indochinoise et africaine, les nationalisations gaullo-communistes de 1944-1948, celles socialistes de 1982 mais aussi les privatisations gaullistes de 1983 et 1993 et maintenant les « coups » pharmaceutiques de la crise sanitaire. Gains faciles et sans risques ! C’est une ploutocratie dissimulée afin de mieux protéger ses intérêts matériels, au détriment de l’intérêt économique général.
Pour prospérer au maximum grâce à l’État, cette nouvelle classe le préfère faible, donc basé sur le Système représentatif, dans lequel les citoyens élisent des députés en leur abandonnant le soin de décider de la loi à leur place. C’est pourquoi l’élite financière soutien une seconde élite, elle aussi crée par Bonaparte. Cette dernière sert de paravent pour dissimuler la ploutocratie, retiré de l’avant-scène politique mais gouvernant par influence et personnes interposées.
Là encore se pose la question des origines, sinon depuis 1789, au moins depuis le Directoire du Consul Bonaparte. Par la transformation de la maçonnerie en institution quasi officielle et instrument d’influence majeur du pouvoir, Bonaparte ajouta au noyau financier du pays légal, une seconde élite. Il plaça les maçons aux principales fonctions de l’État, les faisant ducs ou princes, les dotant de sénatoreries d’un bon rapport, leur permettant par une guerre épuisant la nation, de réaliser des malversations.
Ainsi fut assuré le vivier d’une élite « politique », caractérisée par une très forte stabilité du personnel parlementaire, sénatorial et ministériel.
Cette oligarchie est le gouvernement de tous par quelques-uns, exercé sans transparence dans la forme républicaine. C’est un Gouvernement de clans, un despotisme de coteries reposant sur trente ou quarante mile affiliés, tous cupides, intrigants et parasites. Par la maîtrise du pouvoir législatif, l’élite politique peut, et ne s’en prive pas, faire des lois lui permettant de gouverner en permanence. L’alternance élective entre un personnel de centre droit et un personnel de centre gauche garantit à l’élite financière, une politique allant toujours dans le sens de ses seuls intérêts, lui permettant de prospérer au détriment de la nation par l’exploitation économique de l’État. Macron appelle « l’ancien monde » cette élite politique.
L’actuel pôle idéologique des « valeurs républicaines » émane de cette élite politique dont le laïcisme athée a vaincu la protestation sociétale des catholiques de La Manif Pour Tous mais s’avère impuissante face à l’Islamisation.
En revanche, contrairement aux apparences, la pérennité de cette élite politique n’est pas acquise et ses mises en cause ont sonné le glas de la IIIème république (1940-maréchal Pétain) et de la IVème (1958-général De Gaulle). Les deux élites, constituant le noyau dur du pays légal, furent sérieusement secouées par la chute de la IIIème république. C’est pourquoi après 1945, elles fédérèrent deux nouvelles élites, leur permettant à la fois de consolider leur capacité de domination et de résoudre leur problème de renouvellement propre à toute élite. Nous verrons prochainement lesquelles ainsi que leur rôle déterminant sur l’Islamisation.
Germain Philippe ( à suivre)
Pour lire les précédentes rubriques de la série « L’Islam menace principale », cliquer sur les liens.
- France, maison de la guerre
- Maison de la trêve et territoires perdus de la République
- Impact sur la France de la révolution islamiste de 1979
- Les beurs et la kalachnikov
- Le plan d’islamisation culturelle de la France
- Islam radical et barbarie terroriste
- Pas d’amalgame mais complémentarité
- Pôle idéologique islamiste
- Pôle idéologique des valeurs républicaines
- Face au djihad culturel : politique d’abord !
- Prince chrétien et immigration islamisation
- Le Prince et la France chrétienne
- Le Prince chrétien et la laïcité
- balayons le défaitisme républicain
- Balayons le défaitisme démocrate.
- Referendum sur l’immigration
- Moi, j’ai dit pays légal ?