La chronique de Stéphane Blanchonnet (Le Bien Commun)
Aujourd’hui le combat politique ne suffit pas. C’est l’âme française elle-même qui est en péril. Chacun le sent au moins confusément : combattre la république, dénoncer les idéologies de gauche, – prétendument progressistes –, qui alimentent chez les Français la haine de soi, mettre en garde contre le péril migratoire ou les abandons de souveraineté, tout ce la est nécessaire mais insuffisant. Il faut aussi nourrir en nous les raisons d’aimer la patrie. Méfions nous d’un militantisme purement réactif qui prétendrait combattre le mal chez les autres en négligeant d’entretenir l’amour du bien, du beau et du vrai en nous mêmes. Maurras nous l’enseigne : le patriotisme est à la racine du nationalisme. C’est parce que nous aimons la France, ses paysages, ses monuments, son histoire, sa langue, sa littérature et ses arts, que nous nous engageons dans la défense du Bien commun. Ainsi, il n’est pas facultatif pour un militant de lire, de fréquenter les chefs d’œuvre de nos classiques. C’est en vibrant au souffle épique de La Chanson de Roland, en récitant quelques vers lyriques de Du Bellay, Ronsard ou même Lamartine (ne soyons pas des maurrassiens sectaires !), en prenant le plus souvent possible quelques fortes leçons chez La Fontaine ou Molière, en suivant Proust dans sa quête de l’éternité de l’instant, en visitant nos cathédrales et nos palais, en nous promenant dans nos campagnes et nos villages, en méditant devant une toile de Poussin ou de Cézanne, en écoutant Berlioz ou Debussy, que nous éprouverons cette fierté de notre héritage, cet héritage unique qui fait l’admiration du monde et que, malheureusement beau coup, – y compris parmi les nationalistes –, négligent. Le militant doit être, selon la belle ex pression classique, un « honnête homme », un être cultivé, équilibré et enraciné, et surtout pas, à l’image des gauchistes, un être superficiel égaré dans un éphémère activisme.