Par Michel Servion
2021, comme il se doit, verra les commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon. Événement seulement historique ? Non, puisque déjà « décoloniaux » et indigénistes montent au créneau pour dénoncer colonialisme, esclavagisme, racisme … Est en marche la campagne pour transformer « l’année Napoléon » en « année Toussaint Louverture » du nom du chef de la Révolution Haïtienne (1791 – 1803 année de la mort de Toussaint Louverture au fort de Joux après sa capture par les troupes du général Charles Leclerc en 1802) En 1802 on est toujours sous le régime du variant consulaire de la République et Bonaparte – qui sera bientôt Napoléon – rétablit l’esclavage après qu’il ait été aboli par Louis XVI, rétabli en 1790 et aboli en 1794. C’est lui qui envoie son beau frère le général Leclerc réduire la révolte, ce qu’il fera méthodiquement écrivant « Il faut détruire tous les nègres des montagnes … ». Et il tiendra sa promesse.
Une question a toujours oblitéré l’historiographie de Napoléon : celui-ci a-t-il achevé (accompli) la Révolution ou l’a-t-il achevée (au sens de tuer) ? comme quoi Il peut arriver que l’ambiguïté langagière révèle une vérité puisque Napoléon a, en même temps (ça ne vous rappelle rien ?) fait les deux. Cette question reste centrale, mais 2021 en verra surgir bien d’autres et tout particulièrement une dont la dimension strictement historique est déjà éclipsée par sa portée sociale, éthique, idéologique et en fin de compte politique.
Il s’agit d’une question fignolée dans la sphère décoloniale. Face à Bonaparte, restaurateur indéniable de l’esclavage, il y avait une belle occasion d’actionner la ficelle du racisme, non pas comme fait historique mais bel et bien comme outil de déstabilisation psychique. Ce qui n’est pas du même ordre. Le 17 novembre 2020 France Inter nous rappelle que « puisque la Nation maintenant est plurielle, il faut mettre en avant une histoire plurielle » On notera « maintenant » En d’autres termes la nation ayant changé, il faut changer l’Histoire. Au risque de l’uchronie ? Certes, mais le chroniqueur de France Inter – Jean Lebrun- n’y succombe pas puisqu’il établit un parallèle saisissant entre la répression sauvage du général Leclerc envoyé par Bonaparte pour réduire Toussaint Louverture et les massacres du général républicain Westermann en Vendée quelques années plus tôt.
Toussaint Louverture à toute sa place dans l’Histoire et face au futur Napoléon et il n’est pas illégitime d’en valoriser l’image. Courrier International nous apprend que suivant le New Yorker (quotidien New-yorkais) du 3 janvier 2021 Toussaint Louverture « mériterait une place bien plus importante dans l’histoire française de l’esclavage ». Cet intérêt d’un grand quotidien américain annonce la déferlante qui se prépare, animée par nos indigénistes qui ont un pied aux États-Unis, lesquels, comme l’a dit Joe Biden s’apprêtent à réassumer leur rôle de leader mondial. Avec une 5ème colonne bien décidée, non pas à replacer Toussaint Louverture dans l’Histoire, mais bel et bien à s’en servir comme arme pour fracturer la solidarité nationale.
Dans les colloques universitaires, sur les plateaux de télévisions, dans les journaux, chez les historiens, à chaque foi que sera évoqué Bonaparte ou Napoléon tout au long de ce bicentenaire, « ils » seront là ! Il conviendrait d’établir l’agenda de ces manifestations et d’y intervenir pour défendre la vérité historique mais aussi pour démasquer ceux qui, instrumentalisent l’Histoire pour imposer leur idéologie.