Par Gérard Leclerc
On me permettra de prolonger la réflexion que j’ai commencée lundi dernier, à propos du voyage du pape en Irak. Lui-même nous invite à méditer l’événement, ce qui l’a précédé et ce qui devrait le suivre, non sans se référer aux critiques que sa volonté de rapprochement avec certains responsables de l’islam peut susciter. Aux journalistes présents dans l’avion du retour, François a ainsi déclaré : « On doit avancer avec les autres religions. Le concile Vatican II a permis un grand pas. L’institution catholique a suivi. Mais il faut prendre des risques et donc subir des critiques : “Le pape n’est pas courageux, il est inconscient, il marche hors de la doctrine catholique. Il est à un pas de l’hérésie !” Ce sont des risques mais ces décisions d’avancer se prennent toujours par la prière, dans le dialogue en demandant conseil. C’est une réflexion et non un caprice, c’est aussi la ligne de Vatican II. »
En contraste avec une telle déclaration, on pourrait s’interroger sur l’énorme polémique qui concerne ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme. Le pape ne serait-il pas à côté de la plaque, alors que nos pays d’Occident sont confrontés à un véritable problème de civilisation et que leurs universités mêmes sont le lieu d’un bouleversement culturel majeur, à cause précisément de la présence de l’islam ? Et lorsque l’un de nos meilleurs spécialistes de la question, Gilles Kepel, dans son dernier livre [1] met en cause la quatrième mutation du virus djihadiste, on pourrait se demander si l’Église n’est décidément pas hors course.
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