Dans le quotidien en ligne québécois La Presse, Isabelle Hachey rapporte un événement symptomatique de notre époque et proche de ceux déjà évoqués dans ces colonnes (article du 30 novembre 2020 sur les “progressistes débordés”).
Le retour du n word
En septembre 2020, une étudiante suivant à distance les cours d’une enseignante en littérature de l’université McGill (Montréal) se plaint d’avoir eu sous les yeux une « expression choquante » en lisant le roman étudié, Forestiers et voyageurs (Joseph-Charles Taché, 1863). À propos de trappeurs canadiens-français, il est écrit qu’ils avaient « travaillé comme des nègres ». « Madame, Madame, le mot ! » se serait écrié cette étudiante. Plusieurs étudiants s’indignent, la larme à l’œil, « ils n’étaient pas prêts à ce choc émotionnel », et éteignent leur ordinateur. Deux d’entre eux portent plainte pour racisme contre la chargée de cours. Le très prudent vice-doyen à l’enseignement incite alors cette dernière à relire attentivement les huit romans prévus au programme et à prévoir des trigger warnings destinés à prévenir les étudiants que des mots contenus dans ces œuvres risquent de les offenser, afin de leur laisser la possibilité de ne pas lire les pages incriminées, voire l’œuvre entière.
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