Par Charles Saint-Prot
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques
L’eurocratie n’a honte de rien, c’est même ce qui la caractérise. Ainsi, les eurocrates n’aiment pas Poutine et la Russie, c’est sans doute leur droit mais cela ne les autorise pas à dire n’importe quoi. C’est dans ce contexte qu’un certain Thierry Breton, commissaire européen qui serait chargé de la vaccination a eu le culot d’affirmer, le 21 mars dernier, que les nations membres de l’Union européenne n’auraient pas besoin du vaccin russe pour mener sa campagne de vaccination. Cet individu qui n’a que le pouvoir de parler, a ajouté sans rire que l’Union européenne « n’a pas besoin du vaccin russe Spoutnik V contre le Covid-19 et pourra atteindre une immunité collective d’ici le 14 juillet (sans préciser l’année) avec les vaccins disponibles, si leurs calendriers de livraison sont respectés ».
On aurait aimé que Breton précisât comment il comptait atteindre cet objectif alors que la campagne de vaccination a commencé avec quatre semaines de retard par rapport aux Britanniques ou trois semaines après les États-Unis. Continuer à s’enfermer dans le déni face au fiasco de la gestion européenne de l’approvisionnement de vaccins et à parler au lieu d’agir, voilà qui est bien propre à nourrir la méfiance des citoyens. Il est vrai que l’avis des citoyens est le dernier des soucis du grand bourgeois protestant comme de son idole Emmanuel Macron.
Dans le cas d’espèce la suffisance de Thierry Breton n’a d’égal que son abyssale incapacité à constater les graves manquements de sa chère Union en matière sanitaire. Clamer que la situation vaccinale est maîtrisée sur le continent relève de l’imposture et du mensonge. A moins qu’il ne faille voir dans cette déclaration ubuesque l’effet des lobbies pro Pfizer-BioNTech et pro Moderna qui arroseraient généreusement leurs zélateurs.
A vrai dire, l’avis de Breton est clairement biaisé, de fait il est contre le vaccin Spoutnik parce que celui-ci est russe. Le commissaire Breton fait partie de cette cohorte de niais qui s’agitent et bavent de haine dès qu’on leur parle de la Russie, mais ne perdent aucune occasion de faire les yeux doux aux États-Unis, à Israël ou à l’Allemagne. Car, bien entendu, Thierry Breton est un maniaque du prétendu couple franco-allemand, un proche de Merkel et de von der Leyen. Lobbyiste du privé, il a bien compris que l’union européenne – regroupement supranational qui n’a que des membres (les pays) et nullement des citoyens (à la différence des nations) – a l’art d’enchevêtrer les intérêts publics et privés en promouvant à des postes clés des hommes issus du privé. Thierry Breton est un bon exemple de ces gens sans foi ni loi qui font fi du bien commun pourvu que les capitalistes soient bien servis.
En tout cas, les déclarations antirusses de Thierry Breton doivent être rapprochées de celle de Biden comparant le président Poutine à un « tueur ». Tout cela manque de mesure et démontre une russophobie qui rappelle fâcheusement l’époque de la guerre froide dont certains semblent être d’indécrottables nostalgiques.