Dans son ouvrage intitulé « Résurrection, mode d’emploi » (Magnificat), Fabrice Hadjadj, philosophe et essayiste, pose un regard neuf et plein de finesse sur le mystère du Christ Ressuscité. De sa plume mordante, il y dépeint le matin de Pâques comme une grande enquête policière, dans laquelle le lecteur a une responsabilité avérée. Extrait.
« On peut tout à fait lire l’Évangile comme une enquête policière, mais c’est à la condition de découvrir que sa structure est plus surprenante qu’un roman d’Agatha Christie ou même que l’Œdipe-Roi de Sophocle. Dans la célèbre tragédie grecque, Œdipe mène l’enquête et, à son terme, découvre que le criminel n’est autre que le détective, c’est-à-dire lui-même. Le lecteur reste toutefois innocent, épargné – au moins jusqu’à l’arrivée du psychanalyste qui essaiera de le persuader qu’il est Œdipe lui aussi. L’Évangile n’a pas besoin de recourir au stratagème freudien. Il suffit de le lire – même pas entre les lignes – pour s’apercevoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures (1 Co 15, 3), et que, par conséquent, derrière Pilate, la foule des Juifs, les grands prêtres, il y a moi (c’est-à-dire aussi toi, cher lecteur), et que ceux-ci sont pour nous comme autant d’instruments ou de collaborateurs dévoués.
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