Fidèle à la doxa individualiste de notre époque, ce projet de loi traduit notre incapacité collective à penser la mort ; il constitue une rupture anthropologique et médicale majeure. L’élévation de l’euthanasie au rang de droit entrainera nécessairement un accaparement des ressources pour en garantir l’accès. Cela se fera indubitablement au détriment des soins palliatifs qui constituent pourtant une alternative efficace pour accompagner les patients en fin de vie. Il ne peut y avoir de « en même temps » : soit la France s’engage de toutes ses forces dans la culture des soins palliatifs, soit elle liquide le sujet de la fin de vie en validant l’euthanasie.
Une loi du renoncement
Ce projet de loi favorable à l’euthanasie s’inscrit parfaitement dans la zeitgeist du moment : la primauté de la liberté individuelle. Il souffre donc des mêmes travers et des mêmes limites que toute autre loi dite « progressiste » : l’impossibilité de penser le débat hors de l’autonomie de l’individu. C’est donc un projet de loi de renoncement : renoncement à penser « la vie bonne », l’éthique, la morale ou la mort en dehors du prisme de l’individualisme ; il sanctionne l’abandon de toute recherche éthique en la réduisant au critère du choix individuel. Or, la mort doit se penser sur un plan politique et éthique plus large, car ses implications vont au-delà du simple respect de l’autonomie de l’individu et du libre choix de définir sa propre mort.
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