Le XIXème siècle avait assuré au monde que l’Europe, ses découvertes scientifiques, ses inventions, sa civilisation, allaient devenir, de gré ou de force, l’avenir de l’Afrique. En 2021, a contrario, l’Union européenne affirme que l’Afrique serait l’avenir de l’Europe. Dans un rapport paru en ce début d’année, intitulé « une nouvelle stratégie UE-Afrique – un partenariat pour un développement durable et inclusif », la commission Développement du Parlement européen présidée par une députée LREM proclame l’absolue « nécessité » d’unir étroitement notre continent à l’Afrique.
Cette « nécessité » reposerait sur une prétendue « proximité géographique ». Or, s’il est vrai que Bruxelles est à 1 600 km d’Alger, elle est tout de même séparée par 9 800 km de Johannesburg. Or, Moscou, désigné à mots couverts dans ce même rapport comme une des capitales du Mal avec Pékin, n’est qu’à 2 200 km de Bruxelles. L’argument de la géographie est à l’évidence un mauvais prétexte.
L’idée d’un vrai « partenariat », c’est-à-dire équilibré, ne résiste pas davantage à l’analyse. En effet, le rapport prévient d’entrée de jeu que « loin de vouloir promouvoir une idée européenne du partenariat, c’est bien la vision africaine qui a été le fil conducteur des consultations (…) les intérêts et priorités de l’Afrique doivent jouer un rôle central dans la refondation de notre relation ». Si ces « intérêts » et « priorités » sont « centraux » dans la relation, c’est donc que les intérêts et les priorités de l’Europe deviennent secondaires voire nuls. Et il ne faut pas chercher longtemps pour en trouver des exemples dans le rapport.
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